Vers la mer, calmement, flottant sur l’onduleuse surface, la brise maritime, la douceur sur mon être, telle une caresse propice à mon esprit dévasté. Cette rage qui me ronge, qui prend la forme d’un ver de pensées, je me sens alors vide, mon corps brûlé par le sel sur ma peau, et l’eau gelée qui me semble si chaude. Je frissonne. Je perds l’équilibre, bois presque la tasse, m’échappe, j’ai peur, je nage vers la côte, de long mouvement de brasses. Je ne m’en rapproche ! Elle s’éloigne. Suis-je seul ? Maintenant, dans l’incertitude d’un futur, presque inerte, au dessus du néant si profond. Vais-je reposer là, englouti, l’eau pénétrant et gonflant mon être ? Le cœur lourd et faible, les pupilles dilatées, je ne vois plus, je tombe, au fond, dans cette atroce passion. Je sens mon crâne se pressé, peut être est-ce aussi ce ver qui finit d’éroder. Coulera-t-il avec moi ? Me laissera-t-il seulement vide ? Rejoindra-t-il une présence extérieure ? La seule certitude alors, c’est que je ne puis atteindre à nouveau la surface, et vivre le bonheur du temps, car tel est l’antidote, tel est ce qui m’aurait sauvé. Ô qu’importe y penser. Je meurs. Je pars.
