Je la croisais dans l’escalier, restant tendu contre le mur, mes jambes de pailles, mes bras tapissant le couloir quand le reste se cambre. Elle me dévisageait, son regard entreprenant, ses doigtés sur la rampe semblaient si bien glisser, et son être se dandinant devant moi. Respirait-elle le même air que moi? Chaque matin ce rituel, et chaque matin je lui découvrais un détail. Hier j’observais la moulure de ses jambes montant chaque marche. Je me laissais le lendemain à rêver un peu de son passage. À la même heure, cette fois encore elle devrait arriver. Alors je fermais les yeux, l’attendant, espérant que son regard m’effleure, espérant que ses lèvres la suive puis ses mains et peut-être son corps tout entier. J’espérais si fort que je sentis ce contact délicat se poser sur mes lèvres, ses mains plus fortes que je ne l’aurais pensé me réveillent. J’observe ce monstre m’embrasser.
On est dimanche, nulle femme ne doit sortir sans risque de croiser des hommes.
