« Il va sauter ! Il va sauter ! »
Du moins c’est ce que les gens disent. Mais moi, je ne sauterais pas si j’étais toi, lui dis-je. Car la chute est bien longue et tout est pour le pire. Si tu sautes, lui dis-je, veux- tu que je reconstitue ton squelette brisé, pour ton cercueil ? Veux-tu que je ramasse tes morceaux de crâne brisé ? Je le ferais si tu me le demandes, lui dis-je. Et puis, pourrais-je te prendre en photo en bas, j’ai entendu dire qu’on meurt toujours des douleurs qui suivent, lui dis-je. Pourrais-je te voir souffrir un peu ? Alors, lui dis-je, c’est bien plus qu’une migraine et l’explosion de ta machoire, ce sont les bras, les côtes, les genoux renversés, le fémur craquelé, les yeux explosés, la langue déchiquetée, et les pieds n’en parlons pas ! J’ai peine pour toi, vient plutôt que je te donne une arme, ce sera plus facile de te retrouver tout entier, lui dis-je. Alors il me regarde, en sanglot, comme la première fois, et je lui dis, une tape dans le dos le faisant tomber : tu sais bien que je déteste quand tu pleurniches !
