Le Dragon
Sur un banc blanc, la jeune fille s’assit pour se reposer de sa promenade. Au bout de celui-ci un homme aux longs cheveux se tenait à une canne debout devant lui, tandis que ses mains recouvraient le haut de celle-ci dont la forme rappelait la gueule d’un dragon mythologique.
À travers les yeux d’un vert profond, la jeune fille semblait apercevoir la lueur d’une larme couler le long de ses paupières avant de s’étendre sur la hauteur de sa joue.
De profil pourtant, il semblait être un homme d’âge mûr, sans raison d’être triste, plongé dans ses pensées.
Elle le fixait ainsi pendant quelques instants malgré que ses parents lui avaient appris à ne pas faire cela. Elle l’observait comme si elle était attirée par cet inconnu au regard pensif.
- Mademoiselle, dit l’homme qui émergea soudainement sans bouger, voulez-vous me demander quelque chose ?
La jeune fille, surprise, rougit en secouant la tête et en serrant son sac noir qu’elle avait posé sur ses genoux. Balbutiant, elle fit interrompu par l’homme dont la voix était d’une douceur étonnante :
- Comment vous appelez-vous ? Demanda-t-il en posant son regard intense sur elle.
- Yulan (玉兰), répondit-elle aussitôt pour s’excuser de son impolitesse.
À ces mots, l’homme la fixa à son tour quelques instants. Elle n’osait relever le regard et croiser les yeux de cet inconnu. La chaleur de ses mains et de sa tête avait gagné ses oreilles. Elle songea que partir était encore la meilleure chose à faire, mais cette douce voix la rattrapa avant qu’elle n’eut prise cette décision.
- Yulan (玉兰), vous dites… Je n’aurais pas mieux choisis. C’est un très joli nom.
- Comment vous appelez-vous ? demanda-t-elle en remerciant respectueusement son interlocuteur en s’inclinant vers l’avant.
- Mon nom… Une personne m’appelait Leonis jadis. Aujourd’hui, je ne suis que l’ombre de cette époque. Vos parents sont-ils ici ?
- C’est un joli nom aussi, reprit-elle avec plus d’assurance en voyant que l’homme ne la regardait plus. Mes parents se promènent dans le parc. Je voulais simplement observer les jardins fleuris.
L’homme souria légèrement à ces mots, et du bout de sa canne levée, il demandait si la jeune fille connaissait le nom de ces fleurs blanches et roses qui parfumaient l’air autour d’eux.
- Elles sont très jolies mais je ne sais pas comment elles s’appellent.
- Oui, elles sont très jolies. Elles me rappellent d’heureux souvenirs. Quand votre mère sera là, demandez lui comment s’appellent ces ravissantes fleurs. À présent, je vais vous laisser. Profitez bien de ce joli parc.
L’homme se leva et d’un dernier regard vers la jeune fille aux yeux noirs, il la salua respectueusement et s’en alla.
Yulan pu le suivre du regard jusqu’à entendre au loin le son de la canne sur le sol, puis le chant des oiseaux et le souffle du vent l’étouffèrent finalement quand il disparut au loin.
Quelques minutes plus tard, les parents de la jeune fille arrivèrent. La mère, dans un beau tailleur noir, tenait le bras de son époux et souriait, heureuse en voyant sa fille qui les attendait sur le banc.
- Maman, comment s’appellent ces fleurs ? Demanda-t-elle aussitôt avec entrain.
- Ce sont des Yulania. C’est ma fleur préférée. elle est pleine de sens pour moi. Comment les as-tu reconnu ma chérie ?
- Un homme qui était assis ici m’en a parlé. Il m’a dit de te le demander.
- Ah oui ? Ce devait être un gentil monsieur.
- Oui, très ! Il m’a dit que mon prénom est très joli. Il s’appelait Leonis je crois.
Le mari regarda son épouse qui avait subitement desserrée son étreinte autour de son bras, et lui demanda si tout allait bien :
- Yanzi (燕子), ma chérie, tu vas bien ?
- Oui, pardon Xiaohu (小虎), tout va bien. Continuons à nous promener reprit-elle en souriant. Tu viens ma chérie ?
- Oui maman !
