Les heures passèrent, et cela faisait déjà plus de six heures que la Lune Déchue n’avait pas quitté le ciel et que la Pagode des Esprits restait ouverte. De nombreux Maîtres avaient été appelés en renfort pour en découvrir la raison tandis que les 8 autres élèves en étaient déjà sortis. Les deux disciples du Clan Li se demandèrent si leurs deux victimes n’étaient pas finalement tombées sur un artefact légendaire qui leur aurait permis de garder la pagode active tout ce temps. Mais même si l’édifice légendaire restait ouvert et que le morceau d’astre restait en place, le danger que cet endroit se referme d’un instant à l’autre privait tout espoir d’explorer, comprenant que la Formation protectrice était la véritable épée de Damoclès.
Du côté d’Anelle et d’Enelis, leur corps physique restaient inertes au fin fond de l’édifice tandis que leur esprit voyageaient actuellement dans le royaume de Sinalea aux côtés de la protectrice, qu’ils avaient renommé avec son accord Sina, et de l’âme du moine Xiao Xi, leur nouveau mentor. Évidemment la question sur la fermeture de la pagode avait été élucidée rapidement, justifiant d’une part que le sceau du royaume de Plema était empli d’une énergie pure et profonde qui protégea Anelle de l’énergie démoniaque plus tôt, et que la Pagode elle-même ne pouvait se refermer tant que des citoyens de Sinalea s’y trouvaient. C’était là le plus bel héritage que Maître Jin Xi avait pu offrir afin qu’ils puissent obtenir la technique ultime, La Paume de Bouddha un jour, bien que leur niveau actuel ne leur permettrait pas d’acquérir une telle puissance.
Mais plus important encore, Anelle et Enelis découvrirent que l’enseignement qu’ils avaient reçu depuis leur enfance, notamment concernant les différents stades de cultivation, n’était en réalité que des bribes d’un savoir ancestral oublié, effacé par les guerres des millénaires de cela.
C’est ainsi que Xiao Xi leur apprit que la culture que développait les cultistes de ces derniers siècles n’était basée que sur 2 des 3 principes fondamentaux : le Corps et le Don. Mais le 3ème principe fondamental du Dao était en vérité le plus puissant des trois et avaient jadis conduit les premières races au bord de l’extinction tant la puissance que cela accordait aux plus téméraires et assidus défiaient presque le pouvoir des Dieux. Ainsi, au stade de Saint Roi, leur corps et leur don inné avaient été développés selon ces principes de cultivation, mais leur esprit, aussi nommé âme, n’était encore qu’au stade d’un embryon, sans la force de se mesurer à des attaques spirituelles profondes.
Anelle comprit d’ailleurs aussitôt que ce principe fondamental dont parlait Xiao Xi était étonnamment similaire à l’expérience qu’elle avait acquise dans le royaume invisible, quand elle pouvait assassiner les traîtres à attaquant leur âme plutôt qu’en combattant face à face.
- C’est tout à fait ça ! S’exclama Xiao Xi surprit par la perspicacité de la demoiselle. L’enveloppe énergétique que vous voyez dans le royaume éthérique n’est autre que l’âme des gens. Ces âmes ont la capacité de se défendre d’elle-même sans action consciente de l’être vivant, mais si vous détruisez l’âme avant même l’enveloppe charnelle de votre ennemi, alors le corps ne devient plus qu’une coquille vide. Votre don de Somnus a d’ailleurs naturellement évolué depuis que vous êtes devenus citoyens de Sinalea.
- Je ne sens pourtant aucune différence. Répondit Enelis en regardant ses membres.
- C’est normal, car nous sommes tous des âmes ici. Mais quand vous retrouverez vos corps plus tard, vous pourrez constater que le royaume éthérique et le royaume de Sinalea ne forment plus qu’un et qu’il n’est plus nécessaire d’entrer en phase de méditation ou de sommeil pour venir ici. Vous pourrez instinctivement vous y rendre sans vous dissocier de votre corps. Mais cela entraînera également quelques subtilités que nous verrons plus tard.
- Vous dites donc, reprit Anelle fascinée, que les ombres colorées que nous voyons dans ce monde sont en fait les âmes des gens qui nous entourent ?
- C’est cela. Peut-être l’avez-vous déjà observé par le passé. Les âmes des individus possèdent une luminosité et une couleur. La luminosité correspond à la force spirituelle, c’est-à-dire au développement de l’âme. Quant à la couleur, elle correspond à l’origine de leur don inné.
- Mais vous avez dit que Sinalea et le royaume éthérique ne forment plus qu’un dorénavant. Ne pouvons-nous plus circculer dans le monde éthérique, copie du monde réel comme auparavant ? Reprit Enelis qui souhaitait en savoir plus sur ce que son nouveau royaume désignait.
Le moine laissa apparaître une esquisse de sourire, amusé par la curiosité de ces jeunes citoyens. Cela lui rappelait ses premiers pas dans cette cité grandiose, cherchant à découvrir et comprendre le moindre recoin et la moindre subtilité de cet endroit.
- Ce que vous avez expérimenté jusqu’à ce jour comme ce que vous appelez le royaume éthérique et invisible, était en fait une projection de votre âme afin qu’elle puisse s’y déplacer. Mais cet environnement n’a plus besoin d’être recréé. Vous pourrez désormais dissocier votre âme de votre corps et telle un esprit, vous intéragirez dans le monde réel mais sous la forme d’une âme, invisible pour ceux qui ne disposent pas de capacité spirituelle. Quant au royaume de Sinalea vous sera accessible par votre seule volonté, comme c’était le cas auparavant. Mais votre niveau d’éveil de l’âme ne vous permet pas d’être complètement maître de ces déplacements. Il vous faudra impérativement cultiver et émanciper votre force intérieure autant que le reste.
- Enseignez nous, s’il vous plaît. Demanda Anelle qui avait du mal à en comprendre le sens véritable.
- Xiao Xi acquiesça d’un geste de la tête.
Les jeunes gens n’en croyaient toujours pas leurs yeux ni leurs oreilles. Ils se tournèrent vers Sena pour lui demander quelle était la prochaine étape à présent. Cette dernière, toujours d’un enthousiasme débordant, expliqua que la priorité était de leur enseigner toutes les subtilités de la cultivation originelle afin qu’ils puissent se développer correctement. Seule une puissance accrue leur permettrait de se protéger à l’avenir et de découvrir les responsables de la mort du roi de Plema.
- Lorsqu’un humain atteint la Mer de Conscience, il peut commencer à cultiver son corps, son don et son âme.
- Au stade de la Formation du Noyau, le cultiste génère un receptacle énergétique censé accumuler de l’énergie pour une future âme.
- À l’Âme Naissante, le cultiste doit obtenir l’âme d’un humain ou d’un animal. Cette âme perdra conscience de sa propre vie et deviendra jumelle du cultivateur. Comme un renouveau. Cette âme fusionne avec le Noyau formé précédemment. Cette fusion solidifie les bases du Dao du cultivateur pour le Corps et le Don.
- Lorsque l’âme nouvellement obtenue (appelée âme primordiale) atteint son propre 1er stade de culture, la Mer de Conscience, alors le gain d’énergie est tel que le cultiste devient un Sage. Sans cette cultivation de l’âme, acquérir un tel niveau demande beaucoup consommation d’alchimie et de chance.
- Lorsque l’âme primordiale atteint son propre stade de culture de la Formation de Noyau Primordial, le cultiste aura fortifié son corps. L’énergie dégagée à ce moment là est telle que le corps pourrait ne pas le supporter sans un renforcement intense. Le cultiste atteint le stade de la Graine d’Étoile. L’âme primordiale a sa propre capacité à interagir avec son environnement spirituel. Notamment si le cultiste subit une attaque spirituelle, l’âme primordiale sera la défense spirituelle absolue.
- Lorsque l’âme primordiale atteint le stade de l’Âme Naissante Primordiale, cette dernière peut se créer une enveloppe spirituelle réelle lui permettant d’atteindre le royaume des mortels hors du corps originel. L’ascension de l’âme à un tel niveau partage une grande quantité d’énergie et de puissance avec le cultivateur qui entre alors au stade du Noyau d’Étoile.
- Une fusion des deux noyaux d’âmes (primordiale et originelle) permet aux 2 entités d’accéder à un niveau de culture extrême du royaume des mortels. Cette fusion est la dernière étape avant la Tribulation Céleste précédant l’Ascension, et donc le stade de l’Immortalité.
Techniques de cultivations originelles du DAO
Pagode des Esprits ouverte
Prison Presque Totale
Anelle et Enelis comprirent que ce en quoi ils avaient cru, en quoi tous ceux et celles qui leur avaient enseigné croyaient, n’était en fait qu’une partie très spécifique de la cultivation du corps et du don. Développer à présent leur énergie spirituelle pour que leur âme s’émancipe comme une part indépendante était une idée abstraite mais qui prenait tout son sens quand ils regardaient Xiao Xi, l’âme d’un être ayant atteint jadis l’Immortalité.
Tandis qu’il s’était écoulé près de 8 heures dans le monde réel, seule 4 heures s’étaient écoulées au sein du royaume de Sinalea. Quand les jumeaux s’y éveillèrent de nouveau, ils se regardèrent l’un et l’autre avec une satisfaction et un soulagement profond et reconnaissant. Toutes ces découvertes semblaient devenir la récompense de leur souffrance passée. Anelle s’en sentit revigorée et motivée pour atteindre de nouveau sommet, venger son père et retourner auprès de son Maître Aki pour revendiquer le trône et la protection de son pays natal. Enelis quant à lui était fasciné par toutes les merveilles et légendes dont devait regorger le monde et les royaumes. Il avait cerné le fait que pour parcourir les terres et les mers de Sinalea, une grande puissance serait requise, et plus encore, une connaissance profonde dans tous les domaines de la culture.
- Allons-y Anelle. Sortons de cette pagode.
- Je te suis.
Ils traversèrent côte à côte l’énergie démoniaque des profondeurs et remontèrent jusqu’au haut de l’édifice. Mais avant qu’ils n’en sortirent, ils prirent conscience que la situation dans laquelle ils s’étaient retrouvée ne pouvait simplement pas être expliqué. La présence du Clan Li qui avaient tenté de les assassiner plus tôt, et l’accord qu’ils avaient passé avec Maître Yu étaient indéniablement voués à une confrontation qu’ils n’auraient aucune chance de remporter.
- Nous n’avons aucun échappatoire. Fit inquiet Enelis.
- Je pense que le seul moyen est de jouer la carte du mystère.
- Quelle est ton idée ?
- Cette Pagode des Esprits est ouverte depuis plusieurs heures maintenant et cela n’est pas arrivé depuis 3 siècles, d’après ce que Xiao Xi a dit avoir attendu. Donc nous devons envoyer un message clair à l’extérieur de sorte de parier que des Maîtres soient prêts à prendre notre partis lorsque nous sortirons.
- Comment veux-tu faire cela ? Dès qu’ils nous verront, ils entreront pour venir nous chercher. Plus qu’un interrogatoire, nous serons enfermés et peut-être même torturés. Et il est certain que Maître Yu dispose des informations à notre sujet concernant le royaume de Plema.
- Tu as raison, c’est pour ça qu’il faut donner à ceux de l’extérieur, une motivation si grande qu’ils seraient prêts à s’opposer à eux.
Les deux jeunes gens réfléchirent comment mettre en place un tel subterfuge. Ils savaient qu’à l’instant où ils apparaîtraient, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur de l’édifice, ils en perdraient leur liberté. Après avoir réfléchi quelques minutes, Anelle proposa de prouver qu’ils possèdent de quoi rendre riche et puissant quiconque les sauverait. Elle expliqua que l’absence de leurs ennemis au sein de la pagode actuellement justifiait qu’ils avaient peur que celle-ci se referme à cause de ce qu’avait dit Maître Yu sur la Formation de défense. Donc sur ce principe, ça devrait leur laisser encore le temps de chercher des objets et artefacts dans la Pagode. Ces objets serviraient de motivation comme récompense principale. Puis de lier à cette carotte le fait qu’ils soient capables de maintenir ouvert le bâtiment de leur propre volonté, défiant la Formation ancestrale et que quiconque viendrait les protéger se verrait accorder cette technique légendaire trouvée ici.
Enelis s’émerveillait de l’ingéniosité de sa jumelle en repensant qu’elle avait été commandante et stratège.
Ils parcoururent la tour pendant encore quelques heures afin de réunir tous les objets qu’ils purent trouver. Quelques pilules d’alchimie aux effets inconnus, des manuscrits et archives en tout genre, et des matériaux rares. Proche de l’entrée, tandis qu’ils pouvaient entendre que de plus en plus de monde se réunissaient à l’extérieur, s’inquiétant que l’édifice ne se ferment trop tôt ou encore qu’il reste ouvert encore longtemps, Enelis se mit à former une Formation de Dissimulation et de Temporalité sur eux-même, comme il l’avait fait pendant la compétition sur le sceau de Plema dans sa sacoche, et d’envoyer une Formation à l’extérieur de la pagode dont le but serait de faire apparaître un message dans le ciel, justifiant de tout ce qu’ils avaient préparé plus tôt.
Les artefacts pleurèrent sous cette invitation atypique. Il y eut un silence général après que l’attroupement ait révélé la véracité des propos et des trésors qui venaient d’êtres libérés.
- Peu importe que vous soyez en grief contre ces jeunes gens, une telle opportunité vaut le coup de se battre ! S’exclama un Maître qui était venu jusqu’ici par curiosité.
- Il dit vrai ! Une telle opportunité ? C’est dément ! Cette Pagode des Esprits est ouverte depuis près de 10 heures et aucun de vous n’en connait la raison ! S’exclama un autre qui désignait du doigt Maître Yu et les autres cultistes de la cité d’Alea.
Puis un troisième, un quatrième et bientôt tout un groupe de cultivateurs qui s’étaient réunis là se mirent à prendre position devant la pagode pour défendre leur propre choix d’atteindre une telle opportunité. Et bien que certains menaçaient d’autres à ce sujet, l’information selon laquelle une opportunité unique, propre aux légendes, œuvrait à l’entrée d’un tel édifice, traversa rapidement toute la cité et bientôt tout le royaume.
L’on pouvait entendre que le Clan Li menaçait tous ceux qui s’opposeraient à eux d’entrer en conflit et de même en subir les conséquences. D’éradiquer des clans mineurs ou de piller des villes entières. Peut-être était-ce eux les commanditaires de l’attaque de Plema songea Anelle en repensant au comportement de leurs disciples.
Lorsque certains tentèrent d’entrer de force, ils furent aussitôt attaquer par la force locale. Personne ne semblait vouloir laisser quiconque obtenir l’opportunité du siècle. Les conflits commencèrent à l’extérieur et les premiers combats se mirent en place, éprouvant des techniques en tout genre. Ces affrontements durèrent quelques heures de plus, jusqu’à ce que les vaincus partirent avant d’en perdre la vie, et que les vainqueurs se disputèrent encore pour savoir à qui reviendrait un tel privilège. Même les statuts de noblesse en présence ne pouvait rivaliser avec une telle chance d’évolution.
Mais ce n’est qu’après quelques minutes de plus que le silence intervint complètement suivis de révérence verbales étonnantes.
« Salutations aux Grands Maîtres. » firent à tour de rôle tous les cultistes qui étaient encore à l’extérieur.
Leurs discussions étaient bien trop calmes pour que les jeunes n’entendent ce qu’il se disait à l’extérieur, jusqu’à ce que quelqu’un se présenta à l’entrée de la pagode et s’écria prendre la responsabilité de leur sécurité. Il se présenta comme Liuzi. Il ne donna pas plus de détail sur son identité mais au vue du comportement des autres Maîtres encore présent, aucun ne semblait vouloir le confronter.
Les plus jeunes se montrèrent alors devant cet aîné à l’allure étonnante. Il était vêtu d’une toge noir argenté. Il avait des cheveux longs et gris et portait une couronne sur la tête. Ses épaules étaient couvertes d’épaulettes et il possédait un monocle sur l’un des yeux. Bien que son regard ne laissait paraître aucune compassion, la situation ne permettait pas de s’y opposer. En un instant, l’individu se retrouva nez à nez avec les deux plus jeunes, les regardant de haut. Il était grand et imposant et sa carrure trahissait une origine de noble profonde.
L’instant d’après, une main sur chaque épaule, ils se retrouvèrent tous les 3 à quelques centaines de mètres de la pagode, loin derrière l’assemblée qui les avait attendus. Il les observa encore davantage à l’abris des regards et lâcha un bruit sec de déception, comme agacé de ne pas avoir obtenu quelque chose de mieux.
- Nous vous remercions, Maître, pour votre sollicitude. S’inclina aussitôt Enelis.
- Merci. S’inclina Anelle également.
Mais l’instant d’après, l’inconnu activa une technique d’emprisonnement, transformant l’espace en une grande cage dans laquelle se retrouvèrent les deux disciples.
« Vos maigres trésors ne m’intéressent pas. Je veux savoir comment vous êtes venus à bout d’une telle Formation Légendaire. » Lâcha-t-il d’un ton sec.
Mais avant qu’ils n’eurent pu répondre à cette demande, ils observèrent que leur cage volait dans les airs, au-dessus des montagnes et s’éloignèrent tous rapidement de la Pagode des Esprits qui avait déjà reprit son état normal.
Bien qu’ayant réussis à sortir sain et sauf de l’édifice, les deux jeunes gens s’inquiétaient malgré tout de savoir qui était l’inconnu qui les avait sauvé puis enfermé et où il les emmenait dorénavant.
Liuzi
La Forêt Interdite
Un territoire inexploré jusqu’alors apparaissait devant eux. Une forêt si dense et vaste qu’aucune trace humaine n’apparaissait à l’horizon, au coeur de la chaîne de Montagne qui s’étendait sur des kilomètres au Nord comme au Sud de la cité d’Alea. Même s’ils ignoraient où cet inconnu les emmenait, ils songeaient que leur distance actuelle avec le royaume d’Achi était de plus en plus grande. Loin de rencontrer l’amie du Maître Aki, ils se rassuraient que ceux du Clan Li ne pourrait les poursuivre facilement jusqu’ici. Mais la technique d’emprisonnement qui les maintenaient tous deux enfermés les faisait craindre qu’un ennemi connu n’était pas plus dangereux qu’un autre méconnu.
« Où nous emmenez-vous ? » Demanda Anelle inquiète.
Enelis quant à lui tenta de rejoindre Sinalea pour demander conseil mais remarqua que quelque chose l’en empêchait. C’était comme si cette cage brisait ses capacités sensorielles. Et même en voulant voyager dans le royaume éthérique en méditant, il n’arrivait tout de même pas à sortir de cette cage qui semblait exister aussi autour de son âme. Il chuchota alors à la princesse que cette personne n’était pas n’importe qui. Rejoint par Anelle, ils étaient convaincus à présent que le fait d’avoir pu les emporter avec lui à l’extérieur de la pagode justifiait que son niveau de culture était important et que son statut l’était peut-être encore davantage.
Mais là encore, en essayant de sonder la force du geôlier, il semblait que son énergie ébranlait la logique des deux jeunes qui n’avaient jamais eut à faire à ce type de compétence. De plus, il n’utilisait pas d’objet pour se déplacer dans les airs mais semblait plutôt marcher sur l’air. Ils n’avaient encore jamais vu personne utiliser ce genre de capacité, même au stade du Maître Aki.
Le reste du voyage se passa en silence tandis que l’inconnu traversait le ciel comme si la distance entre chacun de ses pas correspondait à plusieurs li de distance (1km vaut 2 li).
Quand ils arrivèrent enfin à destination, ils descendirent tous les trois au cœur de cette grande forêt de séquoia, à l’entrée d’une grotte naturelle en pierre. Il était peu probable qu’un tel Maître vivait dans ce genre d’endroit, ci-bien qu’ils songèrent rapidement que cet emplacement reculé justifierait d’utiliser des moyens mortels pour les faire parler et avouer tout ce qu’ils savaient.
À peine furent-ils sur le sol, qu’un autre individu sortit de la grotte devant laquelle ils se tenaient. C’était là une jeune fille, elle semblait n’avoir qu’une dizaine d’années. Elle accourut vers l’inconnu en lui agrippant soudainement la cape et fit fondre les deux prisonniers de son comportement adorable.
« Papa ! Papa ! Où étais-tu passé ! Papa ! » s’écria-t-elle au pied de ce grand homme stoïque.
Elle continua à l’appeler et de se mettre à pleurer devant lui pour qu’il daigne réagir à sa présence, mais ce dernier serrait fermement les poings en tentant de garder son calme et son sérieux devant ceux qu’il avait prévu d’interroger.
« Papa ! Papaaaaaaa ! »
Il regarda aussitôt les deux jeunes gens, puis sa fille, puis les deux jeunes, puis sa fille de nouveau. Une goutte de sueur commença sa longue et vigoureuse descente du front jusqu’au menton, puis regardant de plus bel le jeune homme et la jeune femme, il soupira profondément.
« MA FILLE CHÉRIE ! PARDONNE TON MÉCHANT PÈRE ! » S’écria-t-il soudainement en se mettant sur ses genoux et en embrassant fermement son enfant dans ses bras.
L’instant ne dura qu’un instant ci-bien que l’enfant repartit aussitôt toute souriante et joyeuse dans la direction de la grotte. Le père quant à lui sembla brisé de l’intérieur comme s’il venait de rompre son sérieux pour un caprice que lui faisait sa fille.
De leur côté, Anelle et Enelis se sentir subitement soulager d’avoir compris que cette apparence froide et ce comportement distant ne semblait n’être qu’un masque pour les intimider plus facilement.
« Vous deux, reprit-il d’un ton plus sérieux en se redressant et essuyant sa tenue, dites-moi tout ce que vous savez sur cette pagode ou je vous livre à Alea. »
Anelle comprit aussitôt qu’il savait exactement quel moyen de pression utiliser à leur encontre. Le conflit qui les opposait au Clan Li et à leurs alliés était la clé de cet interrogatoire. Sans obtenir ce qu’il était venu chercher auprès d’eux, il n’aurait aucune raison de les garder en lieu sûr. C’était là un moyen de leur montrer qu’il pouvait les sauver des griffes de leurs oppresseurs s’ils se décidaient à coopérer.
- Nous respectons le Maître et le remercions pour nous avoir sauvé. Nous répondrons assurément et sans détour à toutes vos interrogations. Affirma Anelle.
- Bien, bien, bien. Fit-il en marchant dans l’herbe tandis qu’il retira aussitôt sa technique de cage.
- La pagode est…
- Pas ici, l’interrompit il, entrez. Il ne va pas tarder à pleuvoir. Dit-il en les laissant libre de leurs mouvements dans son dos.
Enelis regarda Anelle et comprit que cette liberté n’était dû qu’au fait qu’il n’aurait aucun moyen de s’enfuir même s’ils le souhaitaient. Ils se trouvaient au beau milieu de nulle part, sans repère humain à des dizaines de li aux alentours. Et ses capacités avaient déjà prouvé que les deux jeunes n’étaient pas dignes d’être son adversaire.
En suivant alors le père, ils découvrirent que cette grotte miteuse de l’extérieur était en fait un vaste et profond atelier taillé dans la pierre, où il aurait été facile d’y faire habiter un Clan tout entier. Cet endroit regorgeait de magie du Bois, une énergie verdoyante qui parcourait toutes les parois, comme si des racines spirituelles parcourraient le sol et la roche de toute part. Une telle effluve d’énergie ne pouvait être comparé qu’aux bassins de cultivation d’un palais royal. Mais en se projetant dans le royaume éthérique, Enelis et Anelle observèrent les premiers enseignements de Xiao Xi. C’était tout à fait remarquable que leur âme se déplaça à travers le monde réel, quittant simplement leur enveloppe charnelle comme des silhouettes éthériques.
« Intéressant. » Songea l’inconnu qui observait la scène de son seul oeil viable. Il pouvait voir les âmes des deux invités se déplacer autour de lui. Ils ne paraissaient pas vouloir s’en prendre à sa personne, comme s’ils étaient curieux et amusés tels des enfants à qui l’on venait de donner un jouet.
Enelis quant à lui, s’étonnait que l’inconnu semble le regarder même sous sa forme spirituelle, comme s’il était capable de le voir. Il se rapprocha de l’âme d’Anelle qu’il pouvait voir à présent dans cet environnement, et tenta de lui en faire la remarque jusqu’à ce qu’il se rendit compte que son âme n’avait pas la capacité de s’exprimer. Il songea qu’au coeur de Sinalea, parler n’était pas un problème, mais que dans le royaume éthérique, cette capacité n’était plus.
En observant que la cadette revenait voir son père, les deux jeunes adultes revinrent dans leur corps physique et réintégrèrent aussitôt le monde mortel.
« Papa ! Qui sont ces gens ? » Demanda la jeune fille.
Cette fois-ci, il l’attrapa toute entière et la posa sur son épaule droite, du même côté que l’oeil recouvert d’un cache. Il s’enfonça au coeur de son atelier, descendant quelques marches vers ce qui s’apparentait être une salle à manger.
« Tu as été sage ? » Questionna calmement Liuzi à sa fille.
« Oui Papa. Est-ce le gibier d’aujourd’hui Papa ? » Demanda-t-elle en désignant de son petit index droit les deux jeunes qui entendirent ces paroles avec effroi.
- Non ma fille. Ce n’est pas le repas. J’ai des choses à régler avec eux. Ne les mange pas, c’est d’accord ?
- Oui papa. Répondit-elle toute penau en mettant ses bras autour du visage de son père.
- Asseyez-vous là. Ordonna le père aux deux ôtages. Et si je vois un bout d’épée apparaître, vous avez entendu ma fille ? Vous serez dévorés aussitôt.
Anelle et Enelis se regardèrent en déglutinant tout deux et se prosternant aussitôt pour affirmer qu’ils ne feraient pas une telle chose. En tentant d’observer l’âme de la jeune fille, le même prognostique leur apparu. L’énergie débordante de cette famille n’avait rien de normal. Les flux étaient si étranges et semblaient aspirer en continue l’énergie de Bois de la grotte. De plus, il était impossible d’observer de quel don inné ils possédaient. Se concentrant de plus bel, ils rejoignirent aussitôt la cité de Sinalea pour demander conseil à Xiao Xi ou à Sina.
- Xiao Xi ! Sina ! S’écrièrent-ils tour à tour au milieu de la cité de Sinalea où leur âme vagabondait à l’instant.
- Pourquoi n’y a-t-il personne ? Demanda Anelle en regardant Enelis qui n’observait que des ruelles et bâtiments vide.
- Maître Xiao Xi ! Protectrice Sina ! S’eclama Enelis de plus bel.
En reconnaissant leur voix derrière eux, ils se retournèrent ensemble et virent une scène improbable se jouer devant eux. Les deux appelés étaient émerveillés par un grand tigre dont le poils longs et touffus semblaient les accaparer avec beaucoup d’intérêt. L’une se blottissait dans ce pelage volumineux tandis que l’autre était fasciné par les ornements et l’énergie que la bête dégageait.
- Que faites-vous là ? Questionna Anelle au moine et son acolyte.
- Quel est cet animal ? Questionna de plus bel Enelis qui n’en avait jamais vu d’aussi grand et imposant.
- C’est un Tigre Démérité. C’est une espèce rare de Tigre Sacré. Pourquoi l’avez-vous amené ici ? Répondit Xiao Xi par une question.
Mais se regardant l’une et l’autre, la princesse et le forgeron assurèrent qu’ils n’avaient rien fait de tel. De plus le tigre était aussi grand que 10 humains, ils l’auraient sû s’ils avaient croisé une pareille bête jusqu’ici. Au même moment, ce dernier lécha le crâne du moine de sa grande et rappeuse langue. Il semblait tout heureux de la douceur et la rondeur de cette voûte brillante qui servait de tête à Xiao Xi.
- Porte-t-il un nom ? Demanda Sena qui lui caressait le ventre.
- Il s’agit de Huzi (Hǔzi 虎子), mon petit tigre. Répondit une voix froide derrière l’attroupement.
Les deux citoyens reconnurent immédiatement le timbre de ces paroles et se retournèrent avec effroi devant l’inexplicable présence de Liuzi devant l’attroupement.
- Comment… Comment êtes-vous entré ici ! Questionna terrifiée Anelle qui sortit son épée aussitôt.
- Je me nomme Liuzi, répondit-il cordialement en s’inclinant et rapprochant ses mains en directions du moine et de la femme à la chevelure argenté.
- Liuzi ? S’interrogea le moine en s’approchant de l’inconnu qui terrifiait les cadets.
- Ne serait-il pas un descendant du Clan Liu ? Réfléchit à voix haute Sena qui s’approcha de l’inconnu avec beaucoup d’intérêt.
Mais une question demeurait pour les plus jeunes, comment leur geôlier s’était rendu de lui-même au coeur du royaume de Sinalea ? Cet endroit n’était-il pas réservé aux citoyens et à leurs invités ? Ils questionnèrent leurs deux mentors à ce sujet pour en connaître la raison, attendant qu’ils aient eux-même trouver la réponse à cette question.
- Le Clan Liu ? Qu’est-ce donc ? Demanda le moine à la surprise de tous auprès de Sina.
- Le Clan Liu est une vieille branche des terres abandonnées. C’étaient les montures de puissants guerriers dans l’ère Xian.
- Des montures ? Des animaux ? Questionna Enelis.
- Ai-je raison, Vénérable Liuzi ?
Il s’inclina encore davantage, appréciant qu’il existe encore quelqu’un qui reconnaisse sa lignée. Et tandis que le Moine, Anelle et Enelis n’en revenaient pas de ce qu’ils entendaient, Huzi rejoignit son père sous forme humaine qu’elle avait depuis reprise.
- Je ne m’attendais pas à ce que ces jeunes gens possèdent un royaume si riche et vaste. Observa Liuzi en s’adressant essentiellement à Sena.
- Mes maîtres vous ont-ils causé du tort ? Demanda-t-elle aussitôt.
- Vos maîtres ? Ces deux jeunes gens sont vos maîtres ? Votre niveau de culture est insondable en comparaison du leur. S’étonna la bête.
- Et mon niveau de culture est insondable aussi ! Plaisanta Xiao Xi.
En se tournant vers le moine, Liuzi s’excusa de remarquer qu’il n’était plus qu’une part d’âme.
- Oui, c’est vrai. Mais j’ai été insondable jadis ! S’en moqua le bouddhiste.
- Permettez-moi de vous demandez à nouveau si mes maîtres vous ont causé du tort ?
- J’ai répondu à leur appel de détresse. Je m’attendais à obtenir une certaine récompense pour cela.
Se tournant vers Anelle et Enelis, ces deux-là hochèrent la tête en guise de confirmation.
- Comment pourrions-nous vous satisfaire ? Demanda Sena avec une bienveillance infinie.
- Je…
Mais regardant la femme, le moine, les cadets, sa fille puis la cité de ce royaume spirituel, il hésita à s’acharner sur la première raison de son sauvetage.
« Mais comment peut-il être entré dans Sinalea ? » chuchota Enelis au creux de l’oreille de Sina qui attendait quant à elle la réponse de son interlocuteur.
« Les animaux spirituelles évoluent sur un plan différent des races humaines. Ils parcourent le Dao différemment. Le Dao est équilibre. Comme les animaux spirituels doivent faire face à la chance et au danger dès leur naissance, ils ne sont pas restreints par les lois spirituelles. Leur évolution respecte 2 principes sur les 3 accordés aux autres races. Ils ne possèdent pas de don inné comme vous, mais développent leur corps et leur âme. Afin qu’ils aient autant de chance d’évoluer que les autres races, les animaux spirituels peuvent se mouvoir dans les royaumes spirituels. L’un de leur met favoris est d’ailleurs l’âme de leur gibier. » Répondit Sena à voix basse.
« Veuillez excuser mon intrusion dans votre royaume, s’excusa Liuzi en s’inclinant de plus bel devant Sena. Pour être honnête je souhaitais connaître la technique des cadets pour avoir maintenu la Pagode des Esprits ouverte à leur volonté. Mais en voyant votre royaume et votre culture, j’espère que vous m’accorderez l’opportunité de donner une chance à ma fille de vivre en paix ici. Les terres abandonnées sont remplies de dangers et notre espèce est pourchassée depuis la nuit des temps par les braconniers du monde entier. Sa mère a été assassinée et dépecée il y a quelques années de cela. Même si je peux me défendre et vaincre les envahisseurs de ce royaume, ma jeune fille est encore trop faible pour affronter le monde. Je crains qu’il ne lui arrive malheur un jour, en mon absence. »
Sena se tourna vers Anelle et Enelis pour leur expliquer la situation et ce que cela impliquerait d’accepter la demande du père. Il paraît évident que cette demande, bien qu’honnête, soit actuellement irréalisable pour les deux citoyens. Leur niveau d’âme étant si faible que de devoir maintenir le royaume de Sinalea stable pour qu’une espèce animale de cette lignée puisse vivre et évoluer en tant qu’individu et non en tant qu’âme, aurait pour conséquence de les briser.
Ils hochèrent la tête de manière frénétique, comme pour confirmer avoir compris, même s’ils ne comprenaient pas le choix qui leur revenait. Sena voyant que l’impasse devait être levée, proposa au père une autre solution.
- Mes Maîtres ci-présent. Anelle et Enelis, n’ont pas la capacité de maintenir ce royaume stable pour tout autre être vivant qui ne soit pas une âme. Si votre fille réside à Sinalea, elle finira par briser leur âme en aspirant naturellement toute l’énergie environnante. Votre espèce fait partie d’une lignée sacrée. Vous devez savoir ce que cela implique, n’est-ce pas ?
- Oui, vous avez raison. Confirma-t-il en baissant les bras et soupirant attristé. Mais regardant sa fille qui lui souriait innocemment à ses pieds, il reprit qu’il accepterait malgré tout volontiers pour elle.
- Même si vous acceptez le pacte, pour vous et votre fille, ce n’est toujours pas le moment de le faire.
- De quoi s’agit-il ? Questionna Anelle qui s’avança.
- Un pacte est une technique de sang qui lie l’âme de deux êtres vivants. Si l’une ou l’autre des âmes disparaît, alors les deux disparaissent. Mais ce pacte permet aussi de fusionner les énergies et donnent d’importantes opportunités d’évolution pour chacune d’elle.
- Cela veut-il dire que nous devrions faire un tel pacte avec… eux ? S’inquiéta Enelis.
- Ce serait une véritable bénédiction pour votre développement à tous les deux. Cela assurerait un royaume de paix pour les Tigres Démérités, et votre ascension n’en serait que plus vertigineuse et rapide. Mais vous n’êtes pas encore prêts pour cela. Expliqua Sena qui se tourna vers Xiao Xi.
- Comme elle vient de l’expliquer. Vous n’êtes pas encore prêt à faire une chose pareille. Les pactes de sang doivent être suffisamment stable pour ne pas risquer d’écueils. Si Liuzi le veut bien, vous devrez tous les 4 attendre que votre propre développement de l’âme soit compatible.
- Mon domaine peut être le leur s’ils souhaitent s’entraîner. Proposa aimablement le père en remerciant ses précédents prisonniers.
Quand ils revinrent dans le royaume mortel, Liuzi s’excusa de les avoir mal jugés. Il expliqua qu’il était prêt à les protéger dans son domaine et de les aider à se cultiver, s’ils acceptaient de l’aider en retour pour chasser le gibier et d’autres tâches qui viendraient plus tard, afin qu’il puisse protéger sa fille.
Liuzi du Clan Liu
Les Plans Cachés
Les semaines passèrent pendant lesquelles les deux humains partagèrent le territoire de cette race de tigre légendaire et où leur entraînement spirituelle était séquencée de chasse et de recherches en tout genre. Cette forêt était devenue un territoire interdit du fait de sa dangerosité, abandonnée après les guerres ancestrales entre des Immortels. En plus des Tigres, de nombreuses autres espèces, et parfois mêmes humains qui cherchaient à échapper à leurs poursuivants, se retrouvèrent dans cette vase zone naturelle. De petits et fortifiés relais permettaient d’obtenir ça-et-là des ressources rares que les plus aventuriers avaient osé ramener de leurs expéditions. Mais ces zones sortaient de toute juridiction et étaient autant source d’opportunités que de dangers.
Liuzi, qui avait entrevu un avenir pour sa fille, songeait au développement des deux cadets bien qu’il ne concevait pas que les âmes du royaume de Sinalea puissent être à leur service. Son objectif primait sur tout le reste et si le sauvetage de ces humains finirait sans doute par mettre sa famille en danger s’il ne trouvait pas un moyen de se réfugier dans ce monde parallèle.
- Maître Liuzi ! S’exclama Enelis en revenant de la chasse, gibiers en main. Je vous ai rapporté ce que vous aviez demandé du village voisin.
- Très bien. Déposez le gibier et venez me voir.
Il s’exécuta et retrouva son hôte dans son atelier dans la grotte. Il avait dans les mains une boîte close sur laquelle se trouvait des inscriptions étranges.
- Qu’y-a-t-il à l’intérieur ? Demanda curieux le jeune homme qui était allé chercher une boîte d’élixirs sans en savoir lesquels.
- Il n’y a rien. Les boîtes d’élixirs ne sont pas vendus avec. Répondit Liuzi qui lui tournait le dos et cherchait quelque chose dans ses affaires.
- Rien ? Mais elle a coûté une fortune !
- Je sais.. Ce genre de trésor se fait rare.
- De trésor Maître ? Mais il ne s’agit que d’une boîte.
- Regardez-la donc. C’est un artefact rare. Expliquait-il nonchalant.
- J’ai beau la regarder, elle a coûté près de 10 pierres spirituelles de qualité supérieure. La moitié de ces pierres pourraient assurer à un disciple au stade de la Mer de Conscience d’atteindre le stade de la Formation du Noyau. L’équivalent en pilule alchimique est également rare et coûteuse !
- Qu’est-il écrit sur la boîte ?
Enelis regarda dans tous les sens l’objet, mais il ne reconnaissait pas les écritures. Même à l’intérieur, cette dernière en était recouverte sans qu’il ne puisse les lire.
- Je ne sais pas. Je n’ai jamais vu cette écriture auparavant.
- Exactement, fit-il en se retournant vers le cadet, cette boîte est un trésor que seuls les connaisseurs sauraient apprécier la valeur.
Liuzi la prit dans ses mains et invoqua une incantation. Les mots qu’il prononça étaient tous incompréhensibles pour le chasseur. Mais quand il eut finit, la boîte de bronze s’illumina et toutes les runes incompréhensibles qui la recouvrait s’en détachèrent alors et se mirent en rangées, ordonnées, les unes à côté des autres.
- Qu’est-ce que c’est ? Demanda-t-il impressionné ?
- C’est une Formation Immortelle ancestrale.
- Une Formation ancestrale ? Cette boîte possédait une technique de Formation ?
- Non. Répondit-il sèchement en frappant la tête du cadet comme pour lui demander de se concentrer. J’ai utilisé une Formation ancestrale pour retirer les inscriptions de la boîte et les ordonnées. Il s’agit d’un récit.
- Vous savez lire ces runes ?
- Les races légendaires du monde entier savent lire les runes ancestrales. C’est un héritage précieux des temps anciens. Et les techniques de cultivation de cette période là dépasse votre entendement.
- Incroyable… Et que raconte ce récit ? Reprit-il surpris en observant les runes lumineuses flottées dans l’air.
- C’est à vous de le découvrir. Je reviendrai dans 10 jours. D’ici là, vous vous occuperez de Huzi et apprendrez d’elle.
- Je ferais comme vous le souhaitez ! S’inclina obéissant Enelis.
- À mon retour… fit-il songeur, j’espère que vous aurez fait des progrès sur le plan du développement de l’âme.
Puis il sortit aussitôt de l’atelier en déposant la boîte entre les mains du jeune homme. À l’extérieur de la grotte, il soupira profondément en regardant autour de lui.
« Espérons qu’ils ne les retrouvent pas en mon absence. Leur Grand-Maître a dû sortir de sa retraite de cultivation. Cette cité d’Alea ne devrait pas tarder à envoyer quelques Maîtres pour trouver ces deux jeunes. Caché le sceau d’un royaume dans une sacoche, ce n’est vraiment pas le plus discret qu’il soit. Mais leur royaume spirituel est étonnant… J’ai beau cherché, je n’en trouve aucune trace nulle part. Pourtant ce moine, et plus encore cette femme ont un niveau de cultivation insondable. La sienne rivaliserait même avec les premières races légendaires. Comment peut-elle se soumettre à ces deux humains ? Si je trouvais un moyen de m’accaparer un tel royaume, son énergie nous permettrait de transcender nos conditions actuelles. Aucune race humaine du continent ne nous arriverait à la cheville. » Pensait-il en décollant sous sa apparence humaine.
Enelis qui l’avait observé partir songea que la culture d’un tel Tigre devait être vraiment importante. Sa technique de clonage dont il en avait expliqué quelque détail à leur arrivée, était vraiment impressionnante. Une telle technique de dissimulation visuelle pourrait leur servir à s’échapper de n’importe quel endroit. Mais il était difficile de demander quoique ce soit à ce vieux tigre. Quant à sa fille, elle ne semblait pas en connaître les origines de la technique bien qu’elle puisse l’utiliser à sa volonté.
Le jeune homme cuisina le gibier en attendant le retour des deux autres. Il avait observé ces cuisines pendant son apprentissage de la Forge dans la cité d’Amalis. Il s’agissait d’une cuisine très répandue dans les terres centrales. Cela s’appelait la cuisine de Sichuan. L’ajout de certaines épices auraient rendu le met authentique, mais il était difficile de se procurer ce genre de biens dans cette forêt. Il continua à préparer le sanglier et le cerf en se demandant si Anelle avait réussi à percer dans sa cultivation.
« Quand est-ce que tu as fini Anelle ! » S’exlamait d’ennuie Huzi qui gambadait sur l’étang, à la mélodie de l’eau de la cascade et des chants des oiseaux. « Anelle ! J’ai faim ! Et si on rentrait maintenant ? »
Mais la jeune femme restait calme, assise en tailleur sur un nénuphar au milieu de l’étang. Sa maîtrise de son énergie avait grandement évolué et sa capacité à ressentir l’environnement avait décuplé. Elle pouvait désormais entrer dans le royaume éthérique tout en maintenant son corps dans un mouvement simple comme la marche.
« Où s’en va papa ce soir ? Il vient de passer dans le ciel. » Fait remarquer Huzi qui levait les yeux au ciel de désespoir que la cadette veuille bien sortir de sa méditation.
Anelle fut ébranlé par cette nouvelle, comme si elle cachait une information cruciale, et le nénuphar se mit à s’enfoncer dans l’eau sous son poids, tandis que son énergie devint instable. Elle bondit aussitôt vers l’arrière pour retrouver la terre ferme et apaisa son énergie intérieure d’un geste des mains accompagnant son flux et d’une profonde respiration.
- Alors ! Alors ! Tu as fini ? On rentre ! J’ai faim !
- Oui, rentrons Huzi.
- As-tu fait des progrès aujourd’hui grande-sœur ?
- J’ai rattrapé Enelis. Le flux d’énergie est stable même en entrant dans le royaume éthérique. Mais je te jalouse de pouvoir le faire naturellement.
- Papa m’a dit qu’il fallait explorer toutes les possibilités. Quand j’étais petite il m’a emmené à l’Arbre Sacré.
- L’Abre Démérité ? Qu’est-ce que c’est ? Il n’en a jamais parlé.
- C’est parce que papa n’aime pas les humains. Les humains sont méchants. Mais grand-soeur et grand-frère sont toujours gentils avec moi.
Anelle regarda dans le regard de la jeune tigresse et y vit une douceur et une honnêteté comme à son habitude. Cet animal avait une personnalité qu’il était rare de trouver dans le royaume des hommes. Bien qu’elle n’était qu’au début de sa vie pour la race de Tigre Démérité, elle avait déjà vécu plus que son propre père, feu le roi de Plema.
- Est-ce que tu voudrais bien nous emmener voir cet arbre ?
- Bien sûr ! On y va demain tous ensemble ?
- Allons en parler à Enelis ce soir, qu’en penses-tu ?
- Oui ! Oh est-ce que tu sens cette délicieuse odeur dans l’air ?
- Quoi donc ?
- Ça sent… Ça sent la viande bien cuite ! Oh allons voir ! Ce doit être grand-frère qui a cuisiné ! J’adore sa cuisine.
- Et la mienne alors ?
Huzi hésita un court instant à répondre et se tourna vers la forêt en insistant pour aller se joindre à ce festin. Anelle se leva et grimpa sur le dos de la cadette au poil long. Elle courrait bien plus vite que n’importe quel humain et son gabarit lui permettait de faire des bonds en avant au-dessus des cimes de la plupart des arbres.
Plus elle se rapprochait de l’odeur ennivrante, plus Anelle s’inquiéta de la direction qu’ils étaient en train de prendre. Ce n’était pas la direction de la grotte. Et il était peu probable qu’Enelis se retrouve au beau milieu de la forêt pour cuisiner un festin de viande. Elle demanda rapidement à la plus jeune de s’arrêter et de reprendre sa forme humaine. Elle lui demanda de l’attendre ici sans un bruit et de rester bien sage. Elle lui expliqua que la grotte se trouvait à l’opposé et qu’il s’agissait sans doute d’un camp de braconnier.
Elle l’enlaça telle une mère pour la rassurer et continua le trajet toute seule. Arrivée à destination, son intuition s’avérait être bonne. Il s’agissait bien d’un camp monté à la hâte, sans doute pour repousser les animaux sauvages la nuit durant et permettre à ces gens de se reposer. Quand elle pénétra dans la zone éclairée, une Formation s’activa aussitôt alertant tout le monde. Ils se levèrent tous les uns après les autres autour du feu, et se retournèrent vers Anelle qui arrivait dans leur dos. Il y avait 3 grands hommes, dont l’allure trahissait leur métier de combattant, et 2 femmes qui portaient des armures légères. Tous semblaient posséder un attirail qui pouvait permettre au mieux de se défendre, au pire de traquer des proies.
- Qui va-là ! S’exclama le plus grand et robuste des 3 hommes, sans doute le chef de la troupe.
- Je me suis égarée, répondit l’air apeuré Anelle en s’approchant. J’ai senti l’odeur de votre feu de camp et j’en ai aperçu la lumière.
- Fais attention Dari, on nous a dit que les animaux ici pouvaient se transformer en humain.
- « Fait-elle allusion aux tigres ? » Songea Anelle à cette remarque.
- Qu’est-ce qui me dit que vous êtes une humaine ? Rétorqua-t-il alors aussitôt en ramassant une hache près du feu.
Tous la regardait. Son apparence propre sur elle et des vêtements légers et prévus pour les bois démontraient déjà qu’elle ne s’était pas perdu malgré ses dires.
- Comment pourrai-je vous prouver mes bonnes intentions ? Demanda-t-elle de plus bel.
- Tournez sur vous-même qu’on puisse voir si vous ne cachez pas une arme.
Elle s’exécuta sous le regard intéressé des hommes.
- Comment fait-on pour savoir si c’est une humaine Xion ?
- J’ai de l’eau révélatrice sur moi. Il suffit de l’en asperger ou qu’elle l’avale. Voilà la fiole.
- Est-ce que vous acceptez ? Demanda Dari qui lui tendait la fiole à bonne distance.
- Bien sûr. Répondit Anelle qui était déjà en train d’évaluer la puissance de leur âme dans le royaume invisible.
Elle attrapa la fiole qu’on lui jeta et la renversa sur ses avant-bras et la nuque, craignant que cette eau ne soit qu’une excuse renfermant plutôt un poison.
- Il semble que ce soit vraiment une femme ! Ricanna un deuxième homme qui sortit doucement une lame de sa ceinture. Elle a vraiment l’air innoffensive boss. Ça fait dix jours qu’on marche dans cette forêt. Je me ferais bien un petit plaisir.
- Tais-toi idiot. Je la sens pas cette femme, boss. Répondit le troisième qui la désignait du doigt.
- Je me suis égarée ! Je viens du relais du sud. Je ne veux pas vous déranger, juste passer la nuit auprès du feu s’il vous plaît ! Tenta de jouer la comédie Anelle.
Mais elle sentit que les deux femmes n’avaient guère été dupées par sa scène. Elles étaient déjà en train de former une nouvelle Formation en invoquant des mantras dans leur dos. Le regard des uns et des autres se croisèrent jusqu’à ce qu’il finirent tous, silencieusement, par fixer Anelle qui soupira. Elle prit alors un autre ton et reprit la discussion.
- Arrêtez ce que vous êtes en train de faire, ou je vous élimine toutes les deux. Menaça-t-elle tandis qu’elle fixa du regard les femmes à sa droite.
- J’en étais sûre ! Humaine ou pas ! On doit l’éliminer boss ! Fit la deuxième
Tandis que Dari s’apprêtait à s’avancer vers leur proie, cette dernière leva sa main droite, pointant son index et majeur serré dans la direction de celle qui venait de lui répondre, et la fit s’effondrer sur le sol.
Sous le regard effrayé des autres, l’âme de cette dernière venait d’être brisée sans qu’ils ne s’en rendirent compte. C’était là un exercice pratique pour la princesse qui ressentait quelle démonstration de puissance la maîtrise de son âme indépendamment de son corps pouvait briser le mental de n’importe quel adversaire.
- Déposez vos armes ou vous serez les prochains. Renchérit-elle en faisant glisser doucement sa main latéralement vers la deuxième femme.
- Je ne sais pas comment elle a fait, mais c’est du bluff ! Attaquez la !
À peine eut-il tous eut le temps de bouger d’un deuxième pas, que la 2ème femme s’écroula face contre terre.
- C’est impossible… se mit à trembler Dari dont la hache vacillait.
- On se rend ! On se rend ! Se jetèrent au sol les deux autres.
- Et vous ? Demanda Anelle en visant dorénavant l’homme qui se faisait appeler Dari.
- Ne me tuez pas. S’il vous plaît. Je ferais tout ce que vous voulez.
Elle les questionna sur leurs origines et leur mission. Un groupe de cinq guerriers tout juste promus au stade de l’Âme Naissante paraissait un peu faible pour être à la recherche d’Enelis et d’elle-même. Mais elle apprit rapidement que des groupes de braconniers étaient régulièrement envoyés par les marchands du Clan Li de la cité d’Alea. Les peaux, les dents, les griffes, les cornes, les plumes des animaux de cette forêt pouvaient se vendre à très bon prix sur les différentes places aux enchères de tout le royaume d’Achi. Payés 2 pierres spirituelles supérieures avant et deux autres après la mission représentait déjà une petite fortune pour oser s’aventurer dans cette forêt. Il était évident que le braconnage n’était pas prêt de cesser, comprenant pourquoi Liuzi semblait si impatient de s’extirper de cette situation.
Elle leur fit promettre à tous de quitter la forêt dès l’aube, sans quoi elle ne les épargnerait pas la prochaine fois. Quant aux armes et aux affaires en tout genre, elle les confisqua avant de disparaître dans la pénombre de la nuit.
Quand elle revint à la grotte avec Huzi, elle raconta cette situation à Enelis qui s’était mis à faire les cent pas dans l’attente insoutenable de leur retour. Il avait également entraîné malgré lui sa capacité à mouvoir son enveloppe spirituelle dans le monde éthérique à leur recherche sans savoir quelle direction prendre.
Deux nouveaux objectifs venaient d’apparaître dans leurs tâches quotidiennes. Apprendre la langue ancienne et découvrir les mystères de l’Arbre Sacré au cœur de la forêt.
Anelle et Huzi
L’arbre Sacré Oublié
Enelis et Anelle avait cherché toute la nuit des documents dans les archives de l’atelier de Liuzi sur un moyen de comprendre la langue ancienne. Mais des maigres rouleaux qui mentionnèrent l’existence d’un tel langage, rien ne mentionnait ni l’origine exacte ni un moyen d’en apprendre davantage. Ce texte runique flottait dans l’air comme si la boîte de bronze maintenait le lien spirituel entre la technique du vieux tigre et ce langage. Même Huzi, qui en comprenait quelques caractères, n’en tenait pas là toute la subtilité.
Xiao Xi qui fut tout d’abord questionné à ce sujet, répondit que la langue ancienne n’était pas chose aisée à comprendre et qu’elle renfermait des mystères profonds dans chacun des vers d’une poésie et que la présence d’un tel texte incrusté dans une boîte mystérieuse ne pouvait que justifier que celui ou celle qui avait raffiné un tel artefact devait être un Maître d’un autre temps. Quant à Sena, à qui il fut demander d’en traduire le sens, elle s’amusa que Liuzi les leur avait donné à décrypter. Il était évident que cet exercice cherchait à leur faire découvrir plus encore qu’un langage, mais aussi un moyen de mieux comprendre ce qu’ils essayaient d’obtenir depuis quelques semaines.
« Ce vieux tigre est aussi rusé qu’un renard. Ce que dis cette prose est… »
Mais Anelle l’interrompit aussitôt en lui demandant s’il était pertinent qu’ils l’apprennent de la sorte plutôt que de faire l’expérience de le découvrir eux-mêmes ?
- Après tout, Maître Liuzi nous aurait-il donné une tâche impossible ? Il a d’abord demandé à Enelis d’aller acheter une boîte d’élixir considéré comme un véritable trésor.
- Exactement. Confirma-t-il.
- Et ensuite, il a révélé la présence d’un texte sur cette même boîte mystérieuse tout en sachant que nous n’en connaissons pas l’origine.
Et regardant son jumeau, Anelle supposa que l’importance n’était peut-être pas tant d’en comprendre le sens, mais de découvrir le moyen d’acquérir la capacité de le comprendre. Ils savent que Huzi, sa propre fille, est déjà capable d’en lire quelques mots. Et étant responsables de sa sécurité, peut-être y a-t-il une expérience spirituelle cachée derrière cette attente, devant être résolue pendant son absence, en l’espace de 10 jours.
« C’est une réflexion censée. » Félicita Sena en écoutant la princesse. Xiao Xi quant à lui leur fit remarquer que cette tigresse les avait encore suivi jusqu’à Sinalea et que l’énergie qu’elle dégageait naturellement de par l’origine de sa lignée était une chose tout à fait impressionnante à observer.
Lorsque l’aube se leva et que la brume matinale se dissipa, les trois résidents se mirent alors en route vers l’arbre dont avait parlé la cadette la veille, emportant avec eux la boîte mystérieuse qui, s’éloignant de la grotte, s’était à nouveau fusionné avec les caractères anciens qui l’avaient quitté la veille.
En chemin, le tigre poursuivi des papillons et oiseaux en tout genre. Plus ils s’enfonçaient dans la forêt et plus celle-ci devenait étonnamment coloré.
- Es-tu sûre où nous allons Huzi ? Demanda Enelis qui la voyait bondir ça et là, poursuivant une direction approximative.
- Oui, il suffit de remonter le cours de la rivière m’avait dit papa.
- C’est en effet un cours d’eau remplis d’une énergie très pur. Nous devrions baigner notre âme au-dedans tout en continuant à marcher.
Enelis la rejoignit aussitôt dans la pratique, s’entraînant à maintenir le corps et l’esprit en deux endroits distincts, parcourant la végétation luxuriante dans le monde matériel, et s’imprégnant du flux d’énergie du ruisseau dans le monde éthérique.
Ils observaient que l’énergie dégagée naturellement par l’animal était si dense que l’âme de celui-ci ne semblait pas pouvoir se dissocier du corps. C’était comme si toute l’énergie enveloppait le corps de la bête. À l’inverse, l’âme d’Anelle et d’Enelis étaient translucides. L’âme du moine Xiao Xi quant à elle semblait presque opaque, comme si le niveau de culture de l’âme justifiait à quel point elle pouvait être dense et stable.
- Dis nous, Huzi, questionna le garçon, comment est-il grand cet arbre ?
- Oh il est immense. Il n’y a pas un seul arbre qui lui ressemble. Il est aussi haut que les montagnes et la cime traverse les nuages !
- Un arbre si grand ? Tout le monde doit pouvoir le voir, non ?
- Papa a dit que les humains n’étaient pas capables de le voir.
Ils marchèrent encore plusieurs heures, pêchant quelques anguilles et les grillant au feu pour se délecter d’une pause déjeuner avant de reprendre la route encore une bonne heure.
- Comme il est beau ! Je vous avais dit qu’il était grand ! S’exclama Huzi qui courait en remontant la rivière.
- Un grand arbre ? S’interrogea Enelis qui regardait autour de lui, croisant le regard étonné d’Anelle qui ne voyait rien non plus.
- Oui ! Juste là ! Jusqu’à la cascade !
Les jumeaux se regardèrent l’espace d’un instant en se demandant ce qu’il y avait à voir. Devant eux, la rivière s’étendait à perte de vue dans la vallée et des deux côtés une dense végétation bordée au loin de pics montagneux qui ne laissaient paraître aucune végétation atypiques.
« Suivons-là, et nous verrons peut-être de quoi il s’agit. » Suggéra simplement la jeune femme qui rappelait les dires du père.
En avançant pendant quelques minutes, Huzi disparu soudainement de leur vision, comme si elle était entrée dans un environnement caché du monde extérieur. À pas prudents, ils tâtonnèrent l’air du bout des doigts, devant eux, à la recherche de l’emplacement qui leur était caché. Mais quand ils le trouvèrent enfin, ils ne disparurent pas comme l’animal avant eux, ils furent simplement projeté dans le monde éthérique avec leur âme. Leur corps resté derrière eux étaient simplement restés debout, comme si la liaison qu’ils avaient eux était devenue soudainement impossible, privés de leur enveloppe charnelle. Mais devant eux, un tout autre spectacle apparaissait.
Un arbre gigantesque et coloré gravissait les cieux. Même ses racines semblaient plus hautes et épaisses que des cités. De l’intérieur, il était possible de contempler une immense Formation active, dont le cœur semblait tourner dans les cieux et dont les runes qui en définissait les effets étaient tous méconnaissables, comme s’ils appartenaient à une autre ère. Au pied de ce géant végétal, de nombreuses âmes animales traversaient la zone, dont notamment Huzi qui se trouvait à quelques mètres devant eux.
- Venez, invita Huzi joyeuse, touchez les racines de l’arbre. Vous en sentirez le flux d’énergie. Papa dit qu’il n’y a pas plus pure source de tout le continent.
- Depuis quand vit cet arbre ? Demanda Anelle.
- Et quelle est cette Formation ? Son envergure… Je n’imagine pas la quantité d’énergie nécessaire pour la maintenir en place. Questionna Enelis.
- Papa dit que cet arbre est le poumon de la forêt. Les humains ne peuvent le voir. Je ne sais pas depuis quand il existe. Je sais juste ce que papa m’a dit.
- Que t’as dit d’autre ton père ? Demanda gentiment Anelle qui découvrait que le flux d’énergie qui parcourait le bois était si dense et pur que même tenter de l’absorber pour la cultivation pouvait s’avérer dangereux pour son âme, à son niveau actuel.
Huzi s’approcha de nombreuses pierres sombres qui semblaient avoir été posées là jadis au pied du tronc et dont les contours semblaient avoir été minutieusement taillés. Elles étaient toutes surmontées de sculpture représentant divers animaux et êtres vivants, parmi lesquelles il y avait quelques formes que les deux humains ne savaient reconnaître. Des entités qu’ils n’avaient jamais vu auparavant dans des livres ou des manuscrits.
- Qu’est-ce que sont ces étonnantes stèles ? Demanda Enelis qui s’en approchait.
- Ce sont des héritages. Papa a dit que chaque espèce possède son héritage.
- Crois-tu qu’il y en ait pour des humains ?
- Je ne sais pas grand-frère. Papa m’a interdit de toucher les stèles des autres races.
- Pourquoi ça ?
- C’est dangereux. Ces pierres sont des héritages spirituels. Elles absorbent l’énergie vitale des êtres qui la touchent, sauf ceux de l’espèce destinée.
- Ola ! J’ai faillis y passer !
Ils se promenèrent dans cette zone spirituelle, au pied de l’arbre, tout en observant les sculptures des stèles et jetant de temps à autres des regards vers le ciel en tentant d’apercevoir quelque chose d’unique dans cet arbre géant. Anelle demanda si un tel feuillus faisait parfois des fruits ? Mais bien que ces derniers n’aient pas été observé du vivant de la tigresse, des animaux dangereux semblaient vivre dans la cime de l’arbre sans jamais n’en sortir. Il était donc probable que si des fruits il y a, ils seraient utilisés comme garde manger là-haut. Et même si un fruit tombait par mégarde, il devait être remplis d’une énergie si pure que les animaux terrestres devaient en consommer le jus immédiatement. Peut-être même que certains élixirs ou pilules d’alchimie pourraient devenir des trésors dans tout le continent s’ils étaient raffinés avec ce genre de produit naturel.
En continuant de faire le tour du tronc, les jumeaux songèrent que cette Formation de dissimulation spirituelle de l’arbre devait être suffisamment puissante pour qu’un disciple n’ayant pas la capacité de dissocier son âme de son corps charnel ne puisse tout simplement pas atteindre cet environnement spirituel. Ainsi, même si des humains passaient par là, à pied ou en volant, ils ne feraient que passer au travers sans s’en rendre compte. Et même s’ils voyaient des animaux ancestraux dotés des mêmes caractéristiques que Huzi ou Liuzi y disparaître, ils seraient impossible de les suivre. Cela faisait donc de cet arbre et de toute la zone prise dans la Formation un lieu de refuge immense au beau milieu de la forêt.
« Un arbre dont le bois date de peut-être plusieurs siècles ou plus encore, aurait été décimé en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire, si des Maîtres avaient un jour réussi à entrer ici. De tels matériaux, sans compter la possibilité qu’il y ait des fruits voire des animaux rares tout en haut, aurait pu donner à un royaume un avantage colossale de ressources stratégiques. Et puisque même les Maîtres du royaume d’Achi, et de la cité d’Alea n’ont pas conscience qu’il existe une pareille source d’énergie, c’est que ce qu’avait dit Sina et Xiao Xi au sujet du 3ème principe du Dao sur la culture de l’âme, est véritablement un pan de la cultivation qui a disparu des manuscrits et des techniques ancestrales. » Songea Anelle.
Après avoir marché une bonne heure en tout, Enelis s’écria aux deux de le rejoindre car il venait de faire une découverte étonnante.
Arbre Sacré Oublié
L’ère des Immortels Déchus
Les deux jeunes humains s’avancèrent près d’une stèle qui était plus large et plus haute que toutes les autres qu’ils avaient pu observer jusqu’à maintenant. Sur le dessus de la stèle, une énième sculpture était cette fois-ci celle d’un humain. Le temps avait rongé les détails de la silhouette mais sa posture était typiquement celle d’un Maître cultiste. Il tenait dans sa main un parchemin et de l’autre un pinceau. L’arrière de la sculpture montrait un arc de cercle typique des représentations des plus grandes figures de l’humanité.
- Est-on bien sûr qu’il s’agisse d’une stèle reflétant la race humaine ? Demanda Anelle inquiète.
- Je l’ignore. Bien que cette stèle soit plus imposante que les autres, il est vrai que Liuzi est capable de prendre forme humaine. Peut-être s’agit-il aussi d’une race légendaire d’animaux. Réfléchit Enelis.
- Que risque-t-on vraiment à toucher une stèle d’une autre espèce Huzi ?
- Je ne sais pas. Papa m’a défendu de le faire. Mais les autres races antiques apparaissent toutes sous leur forme animale. J’ignore si papa connaît l’existence de celle-ci.
- Et cette formation semble empêcher d’atteindre Sinalea. Peut-être même que cet endroit remonte au début des temps anciens. Observa Enelis.
- Alors que faisons-nous ? J’ai peur que si nous tentions de faire le tour complet de cet arbre, nous n’ayons pas fini jusqu’à demain. Et cette stèle est plus imposante que les autres. Il pourrait vraisemblablement s’agir de nous.
- Alors quand faut y aller, allons-y Anelle ! S’élança Enelis qui attrapa la main gauche de la princesse pour l’appliquer sur la stèle en même temps que sa propre main gauche.
Une bourrasque souffla face à eux, comme si elle venait de la stèle elle-même et les runes se mirent à scintiller puis à se dissocier de la pierre pour flotter dans les airs comme cela était arrivé avec le coffret d’élixir.
Bien que leurs mains se détachèrent de la tombe, leur énergie commençait à y être aspiré tandis qu’une âme apparue devant eux.
« Je suis Lu Dongbin, Huitième Immortel Céleste de la dynastie Tang. Cet héritage conte la fin du règne des hommes au Royaume des Immortels, échouant à repousser la race guerrières des Géants de Feu. »
- Anelle, nous pouvons le comprendre. Pourtant il semble que cette voix soit issue des runes qui s’illuminent peu à peu.
- Peut-être est-ce là ce que voulait Liuzi. Je ressens un savoir infini me traverser.
- C’est comme si nous apprenions à travers le récit d’un Immortel.
« Des millénaires durant, le savoir a croît tandis que le corps s’est affaiblit. Nul guerrier de cette époque ne pensait avoir un jour le devoir de guerroyer à nouveau. Face à l’adversité de la force des géants, notre humanité fut détrônée et les corps par milliers tombèrent aux royaumes inférieurs, s’échouant inlassablement sur le royaume terrestre, brisant les chaînes immortelles de la connaissance et de la vie. Mes cadets disparurent, mes aînés décimés, je voue ces derniers instants à conter l’avenir de tous ceux qui prétendraient vouloir gravir les cieux. Nul savoir ne peut suffire sans la force de s’en dispenser. La sagesse réside dans l’équilibre des forces. Les principes du Dao doivent être respectés et équitables. Que cet Arbre Sacré prive les géants d’en bafouer l’existence. »
Tandis que la voix s’estompait et que la silhouette de l’âme se dissipait doucement, les runes de la stèle se mirent quant à elle à fusionner les unes avec les autres, formant peu à peu un caractère que les deux humains réussirent à lire : « Immortalité ».
- Immortalité. Était-ce là un caractère ancien ou actuel ? Demanda Enelis en retirant sa main de la stèle.
- Ancien ! S’écria Huzi qui avait regardé la scène de loin. Vous avez obtenu un savoir ancestral !
- Vraiment ? À part cette histoire, je n’ai rien ressentis de particulier.
- Moi non plus. Ajouta Anelle en observant son âme.
- Nous demanderons à Sina et Xiao Xi plus tard.
- Attends, regarde la boîte d’élixir Enelis. Nous allons tout de suite voir si quelque chose à changer !
- Ah oui ! Tu as raison.
Le garçon sortit le coffret de sa sacoche et le présenta à la Princesse. La boîte quant à elle n’avait pas changé mais il leur était possible de comprendre individuellement chacun des caractères de la boîte, comme si celle-ci avait été traduite dans la langue habituel.
- Sommes nous en train de lire un texte ancien ? Questionna Anelle en se tournant vers la tigresse.
- Oui ! Bravo grande-sœur ! Papa disait que les héritages pouvaient renfermer de nombreuses opportunités. Peut-être était-ce là la vôtre !
- Cela voudrait-il dire que Liuzi savait que nous obtiendrions cette connaissance ici, d’une manière ou d’une autre ? Réfléchit Enelis à voix basse.
- Si c’est le cas, alors ce Tigre Démérité est une figure antique bien plus profonde qu’il n’y paraît.
- Nous devrions sortir de la Formation avant la fin de la nuit. Je ne suis pas rassuré que nos corps soient à la merci de tout ce qu’il y a à l’extérieur. Et nous en profiterons pour aller à Sinalea. Qu’en penses-tu Anelle.
- Oui, dépêchons nous. Dans une heure nous pourrions être là-bas. Et nous camperons pour la nuit à l’extérieur de la Formation de cet arbre.
À l’extérieur de la Formation, lorsqu’ils retrouvèrent leur lien naturel avec leur corps, ils rejoignirent Sinalea pour discuter de ce qu’ils avaient découvert avec leurs aînés.
- Sena, nous avons découvert l’existence d’un arbre sacré et d’un héritage étonnant.
- Un arbre sacré ? Ces entités sont extrêmement rares et recherchées. Il s’agit de graines de l’Arbre Divin Pan Tao, qui tombèrent des cieux jusqu’aux royaumes inférieurs et prirent racines depuis la nuit des temps. Il n’en existe que quelques ondits sur leur existence. Notamment que l’un d’eux se trouverait au cœur du royaume des Géants dans le monde mortel. Il s’avère en fait qu’il y en a un autre ici ?
- Ouï ! C’est ça ! Une gigantesque Formation entoure cet arbre ! S’exclamait Enelis excité par cette découverte.
- Et nous avons également découvert un héritage à son pied. Rapporta Anelle.
- Un héritage ? Quel était-il ?
- Ne le vois-tu pas Sena. Ils ont acquis la marque ancienne sur leur âme. Observa Xiao Xi.
- Vous avez obtenu le don de lire la langue antique? Quel était donc que cet héritage ?
- Huzi nous a montré qu’il y avait des stèles de nombreux animaux au pied de l’arbre. Et nous sommes tombés sur une stèle d’un immortel. Il nous est apparu et a conté l’histoire de la chute des Immortels Célestes. Il me semble qu’il a parlé des huit d’entre eux. Et des Géants de Feu leur aurait fait la guerre. Conta le jeune homme.
- L’un des Immortels Célestes… Cela remonte à il y a bien longtemps.
Les jeunes gens regardèrent le moine pour comprendre la profondeur des propos de la gardienne, mais ce dernier hocha les épaules car il n’en connaissait pas les détails.
- Qui étaient ces Immortels Célestes, Sena ? Questionna Anelle.
- Cette information ne vous est pas pertinente pour le moment.
- Mais si vous êtes rentrés en contact avec l’Arbre Sacré alors vous avez dû ressentir la pureté de son énergie vitale ! Renchéri le bouddhiste. C’est une source exceptionnelle et une opportunité rare. Vous devriez y rester pour vous imprégner de cette source. Le développement de votre âme n’en sera que grandement accéléré ! Une fois que vous aurez atteint le stade de la Mer de Conscience de l’âme, vous pourrez évoluer bien plus rapidement ! S’enthousiasmait Xiao Xi dont la tonalité de sa voix trahissait une certaine jalousie.
- Il a raison. Ajouta Sena. C’est une opportunité rare. Une méditation auprès de l’arbre pourrait entraîner une percée exceptionnelle dans votre cultivation. Lorsque l’âme atteindra ce niveau, vous serez devenu citoyen de rang 1 à Sinalea. Vous pourrez accéder à des zones et des savoir qui vous sont encore inaccessibles. D’ailleurs, je ne puis révéler les informations des rangs supérieurs. Mon devoir est de vous guider pas à pas. Plus vous grandirez, plus mon soutien sera grand.
- Ce que veut dire Sena c’est qu’elle est régit par les lois de Sinalea. Mais pas moi ! Je vous dirai tout ce que je sais les enfants ! Mais avant ça, faites moi le plaisir d’accroitre votre cultivation ici-même. Lorsque vous atteindrez la Mer de Conscience de l’âme, vous obtiendrez un gain important d’énergie constante et votre stade de cultivation du corps et du Don gravira un nouveau sommet. Après quoi, votre priorité sera de renforcer le corps pour être capable de maintenir l’évolution de votre âme.
- Nous allons suivre vos conseils ! S’inclinèrent les deux plus jeunes qui remercièrent les conseils de leurs aînés.
Après plusieurs jours à s’entraîner et à méditer au pied de l’Abre Sacré, ils réussirent enfin à percer dans la cultivation de leur âme, atteignant la Mer de Conscience de celle-ci. La puissance dégagée n’était pas en reste, s’imprégnant des méridiens du corps et s’infilstrant jusque dans les membres, à travers les muscles et l’ensemble de l’ossature. Ils comprirent rapidement que le développement de l’un avec une conséquence directe sur le développement des autres principes du Dao.
Il était temps de rentrer à la grotte pour être présent au retour de Liuzi.
Sur le chemin, longeant le ruisseau, Anelle, Enelis et Huzi discutaient joyeusement dans cette étonnante et enrichissante expérience tout en remerciant profondément la cadette de les avoir amené jusque là. Soudainement, à quelques kilomètres de la Grotte, le groupe s’arrêta :
- Arrêtons-nous, fit Anelle qui se concentra soudainement sur les alentours. Je perçois des intentions meurtrières importantes à 10 Li devant nous. Il y a deux individus au stade Saint et un autre au stade Roi Saint.
- Je les perçois aussi. Il semble avoir trouvé la grotte. Même si nous sommes partis que depuis 8 jours, ils doivent nous chercher depuis plusieurs semaines. Observa Enelis.
- Qu’allons nous faire grande-sœur, grand-frère ?
- Nous n’avons aucune raison de retourner dans la grotte pour le moment. Nous devrions plutôt invoquer une Formation pour nous protéger et glaner des informations sur leur identité et leurs intentions. Enelis, est-ce que tu peux…
- C’est comme si c’était fait. Formation temporelle sur une zone étendue d’un Li. S’ils s’approchent d’un peu trop près, nous aurons l’avantage de la surprise. Je vais également injecté une quantité d’énergie dans le coffret de bronze, cela me servira de sources d’alimentation afin de pouvoir ériger une Formation d’Épées Aiguilles. Une défense préventive ne sera pas de refus contre une telle intension meurtrière.
- Excellent Enelis. Remercia Anelle qui attacha le fourreau de son épée dans son dos pour disposer à tout moment de son épée. Je vais me rapprocher, vous deux vous restez dans la Formation. Attendez le retour de Liuzi.
- Sois prudente grande-sœur. Dit penau Huzi.
Tout en se rapprochant du foyer des tigres Anelle questionna Sena sur le gap de puissance que représentait le fait d’avoir atteint la Mer de Conscience pour son âme.
Elle lui répondit que cette dernière devait dorénavant rester dans une situation de méditation profonde jusqu’à atteindre le stade de la Formation du Noyau Primordial, un stade de culture d’âme qui engendrerait d’important changement dans la culture du Dao. Mais que sa cultivation du corps avait quant à elle bondit au stade supérieur au point que même un adversaire au même stade n’était dorénavant plus un danger.
- Essaie de voir le développement de l’âme comme un amplificateur de ta cultivation globale pour le moment.
- Ce que veut dire Sena avec ses mots savants, c’est qu’un cultiste au niveau de la Mer de Conscience de l’âme et du corps à cette époque, correspond à un cultiste du corps de niveau Âme Naissante en terme de puissance. Ton énergie est actuellement bien supérieure à la normale et te permet d’utiliser des techniques à un niveau de puissance au-delà de la norme pour un développement similaire qui n’aurait pas développer son âme. Seules quelques races comme les Géants ou les Corps Démoniaques peuvent rivaliser avec ces capacités.
- Mais je n’en ressens aucun changement concret.
- Ton âme agira de plus en plus comme un amplificateur. Et t’aidera à te renforcer sur tous les plans à l’avenir. Reprit Sena avec des mots plus simples. Tu te rendras compte de la différence quand tu devras te défendre, ou attaquer.
Elle remercia ses aînés pour les conseils et reprit pleine possession de son enveloppe mortelle. Non loin du campement, elle y découvrit une Formation cachée que ses yeux étaient dorénavant capables de voir. Il s’agissait là d’un piège, censé dissimuler près d’une vingtaine d’autres cultivateurs de rangs inférieurs au stade de l’Âme Naissante.
Avec une telle escouade, il était évident qu’il s’agissait là d’une chasse à l’homme, d’autant plus que les traces des humains dans cette grotte trahissaient y avoir séjourné jusqu’à peu. Un affrontement semblait être la pire option pour le moment et mieux vallait-il faire demi tour.
À l’intérieur du foyer des tigres, les recherches n’avaient permis que d’affirmer de la présence des cibles sans pour autant n’être capable de les traquer.
- Ça fait deux semaines que le Maître est sortis de sa retraite spirituelle. Nous avons été bernés il y a 2 mois de cela par l’usurpateur et nous n’en retrouvions sa trace que maintenant.
- Vous avez raison Maître. Mais une chose est sûre, les fuyards de Plema sont toujours dans les parages.
- Prenez 10 hommes avec vous et élargissez le périmètre de recherche. Je vais rester ici en embuscade jusqu’à l’arrivée de Maître Yu.
- À vos ordres.
En retrouvant les deux autres, Anelle leur dit que les troupes présentent étaient bien trop nombreuses pour rivaliser avec elles. Mais au moment de se décider à partir, l’unité qui était partie à leur recherche fut pris dans leurs Formations et décimé par ces dernières. Mais aussitôt un Maître de stade supérieur apparu et brisa les protections des plus jeunes.
- Vous voilà enfin ! S’exclama satisfait Maître Yu.
- Vous ! Comment nous avez vous trouvé !
- Votre sens d’observation est certes très bon mais avec mon Don de Pistage j’ai tout de suite su que l’un de vous nous observait. Il ne restait plus qu’à vous suivre jusqu’à votre cachette. À présent, donnez moi le sceau de Plema et je daignerai laisser votre corps intact après vous avoir tué !
- Nous sommes prêts à combattre ! S’écria Enelis.
- Les mêmes mots que ce vieux Monar. Il n’a pas fait long feu. Il n’aura pas vécu libre bien longtemps. Reconnaît-il.
- Enfoiré ! Nous allons te faire la peau ! S’impatienta Enelis la rage au vente.
- Vous ne comprenez pas. Le Chef de Clan arrive. Son usurpateur vous a protégé assez longtemps. Quand il sera là, ce sera la fin. Alors ne perdons pas de temps.
- Cadet Yu. Fit une voix venant d’en haut.
- Mes respects au Chef de… Qu’est-ce que…
Crachant du sang, Maître Yu observa la griffe robuste qui venait de lui traverser la poitrine, comprenant que l’usurpateur Liuzi était de retour et l’avait berné une fois de plus.
En retirant sa griffe du corps de l’ennemi, sa patte se retransforma en main, au milieu de laquelle une sphère d’énergie enveloppait l’âme de la victime.
- Relâchez-moi ! Vous allez tous périr ! Je me vengerai ! S’écriait l’âme.
- Papa ! Tu es de retour !
- Les enfants. Écoutez moi, nous n’avons pas le temps. Interrompit Liuzi qui entreposa l’âme prisonnière dans le coffret d’élixir d’un simple geste de la main.
- Que se passe-t-il ? Demanda Anelle.
- Vous devez partir. Le chef du Clan Achi sera bientôt là. C’est le bras droit de l’empereur et il vient pour tous nous tuer. Je vais le retenir mais vous devez partir et protéger ma petite Huzi.
- Papa, ne dis pas ça. Viens avec nous.
- Écoute Huzi, emmène les à l’Arbre Sacré et ensuite, partez vers l’ouest. Vous y trouverez des marécages et un lac. De l’autre côté se trouve un Clan reculé et neutre. Vous pourrez y être en sécurité un moment. Je n’ai pas eu le temps de trouver ce que j’étais partis chercher, alors tant pis. Vous devez protéger ma fille chérie. Je m’occupe du reste.
- Papa !
- C’est compris ! Nous la protégerons! Affirma Anelle qui sentait le danger approcher.
Sena apparut aux côtés des jumeaux, devant Liuzi.
- Ils ne sont pas encore prêts à vous accueillir malheureusement. Dit-elle doucement.
- Je sais. Le temps nous a manqué.
- Mais si vous réussissez à vous réfugier auprès de l’arbre, à l’intérieur de la Formation, vous aurez une chance de survivre.
- Comment savez vous pour l’arbre et sa Formation ? Ils y sont donc allés…
Elle disparut peu après, laissant les plus jeunes s’incliner et remercier respectueusement leur sauveur, promettant de tout faire pour protéger Huzi, tandis qu’elle pleurait son père à chaude larme.
- Sois forte ma fille. Papa viendra bientôt te chercher.
- Promis ?
- Promis !
Quelques minutes plus tard, un Maître à la force surhumaine, à l’aube de l’Ascendance, apparut dans le ciel.
- Voici donc la copie conforme dont j’ai entendu tant d’éloge ? Nous sommes nous déjà rencontrés ? Questionnait le Chef.
- Je suis Liuzi. Tigre Démérité. Vous m’avez ôté ma bien aimée jadis.
- C’était donc vous, le mâle qui réussit à me griffer le bras. Les os de votre femelle m’ont été d’une grande aide pour ma culture. Avec les vôtres, j’atteindrai assurément l’Immortalité.
- Essayez toujours. Je vous ferai regretté vos paroles !
Le ciel devint sombre et le Maître du Clan Achi en fit tomber des astéroïdes enflammés par dizaines tandis que Liuzi, sous sa forme originelle, évitait leur impact dans cette forêt peu à peu décimée.
« Un Tigre Démérité de rang 4 est assurément supérieur à celui de rang 3. Mais ça ne sera pas suffisant, » expliqua l’ennemi.
Il fit apparaître une longue épée et s’élança sur l’animal qui contrait les coups avec ses griffes puissantes. Au loin, les cadets entendaient les bruits de chocs métalliques et le ciel gronder et se colorer. Quand ils se mirent à courir vers l’ouest, ils pensaient à quel point leur sauveur devait lutter pour leur donner ne serait-ce que quelques minutes d’avance alors que leur combat continuait à faire rage au loin.
- Voilà plus de deux heures que nous combattons et je crois qu’il y a plus de chaire et de sang que de poils sur votre corps.
- Ce n’est pas fini ! Haletait Liuzi au sol, blessé et presque à bout de force.
- Allons, allons. Ce serait dommage d’endommager un corps si rare. Je vois déjà l’empereur acclamé Yan Qien, son fidèle bras-droit.
- Dévastation Démérité ! S’ecria-t-il le fauve subitement.
- Tss. Cette bête avait encore une astuce. Où pense-t-elle aller ainsi, à courir vers le Nord ?
Le Maître serra fermement la poigne de son épée et poursuivit l’animal acculé dans la même direction.
« Plus que quelques mètres, je pourrais entrer dans la… »
- Quel coût de génie de créer autant de feu et de fumer pour prendre la fuite. Mais à quoi bon partir par là, au beau milieu de la vallée. Auriez-vous perdu la raison ? Questionnait l’homme en continuant d’enfoncer sa lame dans la patte arrière gauche de l’animal.
Bien que le sang lui coulait sur la gueule, à travers la mâchoire et sur toute la surface de son corps, il savait qu’un léger sacrifice lui permettrait d’entrer dans cette zone ancestrale et sûre, baignée d’une énergie pure et salvatrice.
- Si c’est mon corps que vous voulez, prenez-le ! S’écriait Liuzi qui rassemblait ses dernières forces.
- Que Dites-vous ? S’étonna l’agresseur amusé.
Liuzi se transforma soudainement en humain et avec ce qui lui resta de force, s’arracha la jambe coincée par la lame avant de bondir vers l’avant et de disparaître de la vue du Maître.
« Comment ? Où est-il ! Où êtes-vous ! » S’écriait le collectionneur en furie.
Il s’avança à son tour vers l’Arbre Sacré invisible, mais son âme ne quittant pas son corps, la Formation l’empêcha de pénétrera la zone spirituelle, le laissant seul dans le monde réel. Quant à l’animal blessé, il avait atteint son but de gagner du temps pour les enfants et s’évanouit contre une racine.
- Non ! Non ! Comment est-ce possible ! Que se passe-t-il ici ! S’écrivait l’homme hors de lui, infligeant à la nature environnante un sévisse de flammes et de destruction sans précédent.
Ainsi Anelle, Enelis et Huzi s’aventurèrent vers des contrées inconnues et Liuzi flottait, porté par le flux pur et dense de l’énergie de l’Arbre Sacré.
Yan Qien, Chef du Clan Achi, Bras-droit impérial