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Partie 1

Le village de Sanis

Issus du petit village de l’Est nommé Sanis, ce jeune garçon de huit ans et plein d’entrain devait se rendre sur la place du village dans l’après midi pour recevoir la Perception du Perceptiste de la région. Ce dernier parcourait les villages et les villes toute l’année durant pour prodiguer son savoir et justifier des dons de chaque enfant qui obtenait 8 ans.

C’était un grand jour au village, beaucoup d’enfants verraient leur vie et celle de leur famille changer avec la révélation de ces capacités et de la force de leur énergie.

Toutes les familles et les aînés du village se retrouvaient là, entourant tous les enfants en âge de la révélation, tandis que le Perceptiste vérifiait chaque enfant les uns à la suite des autres.

Cette année-là, il y eut de très bons éléments, notamment un élève au don Primordial de Force. Le village allait aussi recevoir des subventions pour récompenser avoir donner naissance à de tels élèves.
Quand ce fut le tour d’Enelis, il découvrit qu’il avait le don de Forgeur. C’était un don bien pratique pour les villageois, permettant de forger des outils pour les fermes et les cultures, ou encore pour le bétail. Cela assurait que l’enfant aurait un métier reconnu et recherché. Et si sa quantité d’énergie était suffisamment importante, certaines écoles de forgerons pouvaient même permettre aux élèves d’être reconnus et de pouvoir travailler pour l’empire, pour forger des armes et des armures pour les soldats. Cette voie avait beaucoup d’opportunités pour ceux qui avaient assez de chance avec ce don.
Mais Enelis ne possédait de ce don que le nom. Son énergie était presque inexistante d’après le Perceptiste, ce qui rendit sa lueur argenté très légère. Pour le village, il ne s’agissait là que l’avenir d’un forgeron de bétail et de fermier. Malgré tout, ses parents étaient heureux qu’il ait hérité d’un tel don, s’assurant qu’il pourrait vivre de ses propres capacités.
Les révélations continuèrent et de grandes découvertes furent révélées, enrichissant encore davantage le village.

En rentrant dans leur petite maison de paille et terre cuite, les parents expliquèrent à Enelis que son don était une véritable bénédiction et qu’ils étaient très fier de lui. À 8 ans, il faisait déjà la fierté de ses parents.

Les mois passèrent, quand une petite-sœur vit le jour. Les parents qui partaient tous les jours travailler dans les champs, laissèrent leur fils aîné, âgé alors de 9 ans, s’occuper de sa cadette.
Il était très bon avec elle, et lui souhaitait tous les jours qu’elle obtienne un don encore plus fabuleux que le sien. Et bien qu’elle n’était pas en âge de le comprendre, il lui raconta qu’il fabriquait de nombreuses choses aussi bien à la main, avec de la terre et des branchages, que dans sa tête, quand il rêvait la nuit.

Au fil des ans, bien qu’Enelis restait aux côtés de sa sœur pour palier à l’absence de ses parents qui devaient travailler, il découvrit que sa capacité à forger dans ses rêves pouvait même lui permettre d’émanciper son don de Forge.
Des quelques enfants qu’il croisait quand ils venaient aux abords de la maisonnette, Enelis pouvait percevoir leur propre don quand il s’échappait dans le monde des rêves, se connectant à ceux de tous les enfants du village une fois la nuit tombée.

Et rapidement, concentrer sur lui-même à pratiquer son don et à réaliser des objets qu’il aimait recopier, il fit la découverte de l’apparence spirituel des Dons divins. Au coeur de son âme, là où seul le monde l’invisible pouvait l’y amener, il découvrit la forme atypique du don argenté qu’il usait depuis ses 8 ans. Le don était une étrange boule lumineuse qui flottait au beau milieu d’une mer calme sur laquelle il pouvait se promener sans y sombrer.
Au milieu de cette étendue d’eau, des filaments de lumières argentés s’échappaient dans toutes les directions. Il s’agissait du niveau le plus profond de l’âme où réside la source de vie et le don divin de chacun. Mais aux côtés de cette petite boule d’énergie argenté qui flottait dans le vide au-dessus de l’eau, une deuxième boule recouverte d’un anneau à l’allure métallique flottait également dans le vide, tandis que sa couleur violacé émanait une intense luminosité qui l’empêchait de se concentrer trop longuement sur elle.
Il revint de nombreuses fois observer ces boules dans les profondeurs du monde invisible, et chercha à découvrir si quelque chose de similaire existait dans les âmes des autres enfants ou de ses propres parents.

En grandissant, quand il eut près de 11 ans, Enelis avait déjà compris qu’il ne disposait pas seulement d’un don, mais de deux, et que le deuxième semblait ne laisser aucune trace extérieure du fait de l’étrange anneau qui l’enveloppait. Il tenta à maintes reprise de l’atteindre mais dès qu’il s’en approchait, une force qu’il ne comprenait pas le repoussait. Il était persuadé que cette boule violacé était responsable de sa capacité à rêver comme aucun autre, et que ce don semblait prisonnier voire volontairement caché à la vue même d’un Perceptiste.

En comprenant que chaque âme disposait d’un don, et que ce don disposait d’une énergie et d’une couleur propre, Enelis créa un petit réceptacle dans lequel il venait attraper des filaments d’énergie de tous ceux et celles qu’il croisait dans ses rêves. Il ne savait pas encore comment les utiliser ni s’il pourrait fabriquer des copies de dons plus tard, mais il pouvait stocker autant de ces fioles dans le monde invisible qu’il le souhaitait, sans que les objets n’aient d’enveloppe physique dans le réel.

C’est à l’âge de 12 ans passé, quand il réussit à reproduire cet étrange anneau autour de son don violacé, mais cette fois autour d’une sphère de Force, qu’il comprit enfin comment faire fonctionner ses réceptacles.
En disposant sphère de Force à proximité de celle violette au coeur de son âme, ces dernières semblaient insuffler une part de leur énergie jusque dans le réceptacle de l’autre, comme si les deux énergies pouvaient se mélanger malgré les anneaux de protections qui les entouraient.

Enelis venait alors de créer sa toute première copie d’un pouvoir qui ne lui appartenait pas. Et bien qu’il en comprit les dangers, il savait que les sphères de protection le garderait imperceptibles par les Perceptistes.

 

Un beau jour, tandis que l’esprit éveillé et enjoué du fils aîné donnait beaucoup de baume au cœur à ses parents, ces derniers avaient toujours pris grand soin d’apprécier toutes les créations de leur enfant en sollicitant toujours sa créativité et sa gentillesse. De nombreux outils aidèrent les parents dans leur tâche et même quand ils rentraient le soir, ci-bien qu’ils étaient émerveillés par son ingéniosité malgré son très jeune âge.
Et c’est tout naturellement que ses parents lui suggérèrent d’aller étudier les arts de la Forge à l’école de forgeron de la ville d’Amalis. Ils avaient pu économiser toutes ces années pour qu’un beau jour il puisse donner une chance à leur propre fils de devenir un homme et passer au moins une année entière dans un établissement de renom.

 

  • Papa, maman, Anna, je vous rendrai fier ! S’exclama-t-il les larmes aux yeux, quand il partis quelques semaines plus tard avec un groupe d’élèves du village de Sanis.

Les Forgeurs d’Amalis

La ville d’Amalis, connut pour sa prospérité et ses grandes forges de fer et de cuivre, était réputée dans tout l’Est.

Bien qu’Enelis n’avait qu’une faible lueur de son don de Forge argenté, il comprit bien vite que le monde était régit par des dons et l’intensité de leur énergie. Certains de ses camarades se vantaient d’avoir été choisis par les ancêtres pour disposer d’un don de Forge étendu, et se comportaient déjà comme des aînés ou des prodiges alors qu’ils n’avaient encore jamais forgé quoique ce soit.
Le guide, qui était un ancien forgeur, expliquait que parmi les forgeurs, de nombreux grades étaient donnés aux élèves les plus aguérris ou ceux qui réussissaient à forger des objets d’exceptions au fil des ans.

  • Lors de la première année, vous devrez apprendre à utiliser les outils de base des forgerons. Il vous sera demandé de forger à la perfection certains objets. Si vous réussissez, vous obtiendrez alors le grade de forgeron de Fer et serez alors officiellement engagés par l’école pour continuer à étudier dans notre établissement. Expliquait le guide.
  • Quels sont les grades au-dessus de celui de forgeron de Fer ? Demanda Enelis émerveillé.
  • Il y a de nombreux grades parmi les forgerons, mais pour la plupart, vous ne pourrez pas les atteindre avant plusieurs années, voire dizaines d’années. Certains sont devenus des Grands Maîtres Forgeron qu’à la fin de leur vie.
  • Dites-nous en plus s’il vous plaît ! S’exclama encore Enelis qui était le plus enjoué du groupe. Est-ce que le don de Forge peut servir à devenir autre chose qu’un Forgeron ?
  • Cesse donc avec tes questions idiotes, ricana un autre enfant déjà imbu de sa personne.
  • L’an passé, seuls deux élèves sur les 300 que nous avons amené à la forge ont réussi à devenir forgeron de Fer. Ne soyez pas trop confiants malgré la capacité de vos dons. Seuls les plus travailleurs réussiront. Et si vous n’êtes pas recrutés cette année, vous pourrez toujours payer pour une nouvelle année. Souvenez-vous simplement qu’il n’y a pas de sous métier. Il faudra toujours des forgerons pour les outils des paysans. Pour les menuisiers qui ont besoin de matériel en fer. Même si vous échouez dans notre école, vous serez toujours importants pour la société. Ne méprisez pas votre propre savoir et utilité pour le bien du royaume.
  • Monsieur, reprit Enelis, existe-t-il des forgerons encore plus célèbres que le vous-même à Amalis ?
  • Haha ! Ria-t-il soudainement. Je ne suis pas un forgeur célèbre jeune homme. Voici les grades que vous pourriez tous rencontré ces prochains mois: après le grade de forgeron de Fer, il y a le forgeron de Braise, le forgeron d’Ombre, le Maître Forgeron, et le Grand Maître Forgeron. Et si vous êtes aussi doué que l’ancêtre d’Amalis qui vécu il y a 200 ans de cela, vous obtiendrez le statut de Seigneur des Flammes. Mais ne vous faites pas d’illusion les enfants. Pour atteindre ne serait-ce que le grade de Maître Forgeron, même parmi les meilleurs, il vous faudra au moins 20 ans d’expérience.
  • C’est incroyable. Il y a tant de niveaux d’expérience dans le monde des forgerons.
  • Oui, les forgerons du monde entier sont des travailleurs très respectés.
  • Comment vous appelez-vous jeune homme ?
  • Je m’appelle Enelis, monsieur.
  • Enelis, si vous réussissez à devenir Forgeron de Fer dans un an, je vous en dirais davantage sur les forgerons les plus célèbres du continent.
  • Je le deviendrai ! Mes parents m’ont offert cette chance. Je veux qu’ils soient fiers de moi !

Le guide les emmenèrent jusqu’à Amalis où l’on pouvait déjà entendre au loin les coups des marteaux et des enclumes résonnés à travers les forêts, et où les fourneaux laissaient s’échapper la fumée de la braise et des feux.

Le Maître Forgeron

27ème jour des Lunes d’argent

Enelis devint le premier Maître Forgeron de l’école d’Amalis a obtenir ce grade après seulement 4 années après l’inscription que ses parents avaient réalisés pour lui. Sa maîtrise unique et sa capacité à forger a choqué de nombreux forgeurs venus du monde entier pour être témoin des prouesses de ce jeune homme de seulement 16 ans.
Ses réalisations dépassent de loin les qualités de nombreuses forges renommées, et ce avec moins de ressources encore. Sa dernière prouesse fut celle de forger une épée capable de trancher l’enclume sur laquelle elle avait été forgée, et sans que l’acier ne se brise ni ne se torde.

Certains le surnomme déjà le Mage Forgeron, tant ses objets semblent imprégner d’une magie ou d’énergie diverses, comme si elles possédaient en leur sain l’énergie de dons ou d’âmes. Et même le royaume de l’Ouest, disposant de la plus importante école royale de cultiste du continent a été intrigué par ses prouesses, y envoyant un émissaire, un Perceptiste afin de savoir si ce Maître Forgeron était véritablement un Forgeron.

Bien que l’épée pourfendeuse d’enclume impressionna bon nombre de ses confrères, Enelis compris que la population n’était pas apte à accepter qu’un seul homme puisse forger des réceptacles de dons, de capacités divines qui leur sont normalement limité à une unité. Et que pire encore, si les gens l’apprenaient, ils pourraient tous être tentés de vouloir s’accaparer plus de force et de capacités, rompant certainement l’équilibre de ce monde qui semblait évoluer sur ces règles célestes depuis des siècles.

Et s’il utilisait les rêves et le monde éthériques pour apprendre des dons d’autrui, il avait améliorer sa capacité à les forger et les modeler à son image dans sa propre âme, aux  côtés de son don inné et de celui renfermé qu’il avait découvert jadis. Et bien qu’il n’en comprenne pas le but de son existence première, là où aucun autre humain qu’il avait rencontré jusqu’alors ne disposait d’un deuxième don inné comme le sien, il savait que l’ensemble des pouvoirs qu’il pouvait utiliser à ce jour devait trouver une raison d’être à travers des objets qu’il façonnait.

Et quand il guérit la jambe d’un malheureux ayant été piétiné par le bétail non loin de la forge, il ne put le guérir qu’en prétextant que l’atèle qu’il lui apposa sur la jambe allait l’aider à remarcher d’ici quelques jours.

 

Plus tard, tandis qu’il rentrait dans la maison que l’école lui avait attribué, un homme vint à sa rencontre. Il était habillé d’une longue toge blanche et incrusté de parure dorée. Il s’excuse de l’importuner et observant l’insigne de Maître Forgeron qu’Enelis portait sur sa tenue, il se présenta respectueusement à lui.

  • Veuillez m’excuser de vous déranger à cette heure tardive, Maître Forgeron. Je suis Fileon, je suis émissaire de la famille royale de la Cité d’Émeraude, du front occidental. Le roi a developpé une maladie qu’aucun ne saurait soigné. Et de tout ce que j’ai pu entendre à votre sujet, vous réalisez des miracles.
  • Monsieur, salua respectueusement Enelis, je comprends votre désarroi, mais ne devriez-vous pas vous tourner vers des Soigneurs ?
  • Vous ne le savez peut-être pas, reprit-il après un léger soupire, mais les dons aussi rares que ceux des Soigneurs ne sont plus apparus depuis des décennies. Leur valeur étant devenue inestimable, il est dorénavant rare de trouver quelqu’un disposant d’un tel don, n’ayant pas déjà fait l’objet de disparition ou d’exploitation, j’en ai bien peur.
  • Je ne le savais pas, mais… Je ne suis pas Soigneur monsieur, et vous me parlez d’aider la famille royale…

Il sortit de sa poche une lettre manuscrite dont le sceau royal était apposé dessus. Sur ce document, Enelis pouvait lire qu’il serait accueillis à l’école royale des cultistes de la Cité Impériale et qu’il disposerait de toutes les ressources nécessaires à son émancipation s’il arrivait à soigner ou au moins à apaiser les souffrances du roi.

  • Je comprends que ceci soit soudain et que cela soit un voyage assez long pour vous. Mais votre réputation vous précède. Maître Forgeron à votre âge est une première sur tout le continent. Vous êtes un prodige et un miracle.
  • Comment pourrais-je refuser? Quand devrions-nous partir ?
  • Dès maintenant. Un convoi se tient prêt pour le départ. L’école d’Amalis a été mise au courant et dédommagée. Votre famille recevra aussi un dédommagement financier pour vous remercier de votre coopération. Nous serons également rejoins à mi-parcours par une unité d’élites.

Enelis regarda derrière-lui les cheminées de la grande forge d’Amalis, qu’il savait qu’il ne reverrait plus avant longtemps.

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